Ms 3388-3392 Correspondance de Gabriel Bertrand (1867-1962)

Biographie ou Histoire :
Gabriel Bertrand, chimiste et biologiste dont la carrière s’étend sur plus de 70 années, émaillées de plus de 600 publications. Ses notes ou mémoires présentent une importante diversité. Ses premiers élans le portent vers la botanique puis il oriente ses travaux sur le venin des serpents, qui serviront de base pour la sérothérapie antivenimeuse. Ces premiers travaux témoignent de l’empreinte profonde laissée par le Muséum national d’Histoire naturelle sur sa recherche. Mais la partie maîtresse de sa carrière porte sur l’étude des enzymes, en particulier l’oxydase, et la mise en lumière de l’existence des oligo-éléments.
Gabriel Émile Bertrand est né rue Saint-Jacques, à Paris, le 17 mai 1867 dans une famille d’épiciers et distillateurs vivant à proximité géographique du Jardin des Plantes, dans lequel il développe un intérêt précoce pour la botanique. Très rapidement, il fréquente le Muséum et entre en 1886 comme élève à l’école de Chimie fondée par Edmond Frémy, professeur à l’École polytechnique, au Muséum et à l’École centrale. C’est dans cette même école où d’autres grands noms de la Chimie furent formés, comme par exemple Henri Moissan (1852-1907) ou encore Pierre Curie (1859-1906), qu’il remporte trois années de suite le prix d’examen. En parallèle de ses études au Muséum, il suit les enseignements de l’École supérieur de Pharmacie de Paris. Remarqué par les différents chimistes du Muséum, il entre en 1889 au Muséum comme préparateur de la chaire de Chimie appliquée aux corps organiques. Le célèbre Michel-Eugène Chevreul (1786-1889) vient de mourir, à l’âge de 103 ans, la chaire est alors reprise par Léon-Albert Arnaud (1853-1915) qui repère le jeune Gabriel Bertrand. En parallèle de ses études en pharmacie, Gabriel Bertrand mène alors des travaux dans des domaines variés : tout d'abord ses travaux avec Césaire Phisalix (1852-1906) sur le venin des serpents qui les mèneront au développement de la sérothérapie antivenimeuse, mais également l’étude des glucides, qui trouvera son apogée sous la publication de sa thèse de pharmacie en 1894. C’est cette même année qui initiera l’important chapitre de sa si longue carrière : l’étude des enzymes d’où dériveront la découverte de l’existence des oligo-éléments.
En 1900, il quitte le Muséum et devient chef de service de chimie biologique de l’Institut Pasteur. Suite au décès soudain d’Émile Duclaux (1840-1904), alors titulaire de la Chaire de Chimie biologique à la Faculté des Sciences (et également directeur de l’Institut Pasteur), Gabriel Bertrand apparaît comme son successeur naturel, à la Faculté des Sciences. En revanche, pour occuper ce poste, le grade de docteur ès Sciences (accordé par la licence ès Sciences) est nécessaire. Alors seulement titulaire de son diplôme de pharmacien 1^e classe, les autorités compétentes lui accorde la licence nécessaire par dispense : il rassemble ses travaux sur la bactérie du sorbose et devient ainsi, en 1905, Docteur ès Sciences Physiques et reprend donc les cours de la Chaire de Chimie biologique à la Faculté des Sciences de Paris, poste qu’il occupera jusqu’à sa retraite en 1937. Engagé volontaire en 1914, il participe notamment à l’effort de guerre dans l’analyse d’un gaz de combat, la chloropicrine, jusqu’à lors utilisée comme lacrymogène, et en révélera des propriétés antibiotiques.
Plusieurs fois nominé au prix Nobel de chimie, il a été membre de plusieurs sociétés savantes, notamment : l'Académie des sciences en 1924 (nommé Président en 1943), l'Académie de l'agriculture en 1926 (nommé Président en 1935) et de l'Académie de médecine en 1931. Il a été également membre de plusieurs académies au niveau international.
Après avoir occupé son poste à la Chaire de Chimie biologique à la Sorbonne pendant une trentaine d’années, il est admis à la retraite en 1937. Nommé professeur honoraire, il est maintenu en activité à l’Institut Pasteur jusqu’au 1^er janvier 1962. Son jubilé scientifique est célébré en grande pompe, en 1938, sous la présidence d’Alfred Lacroix (1863-1948), avec une centaine de représentants scientifiques de vingt-cinq nations. Gabriel Bertrand s’éteint à l’âge de 95 ans, le 20 juin 1962.