Date :
1992 ca. (date d'enregistrement)
Date :
1992 (date de diffusion)
Langue :
français, anglais
Description physique :
1 DVD. Le film a été tourné en vidéo Bétacam, en couleurs. Durée : 26min.
Description :
le film est principalement en langue avikam (de la langue Kwa, branche de la famille des langues nigéro-congolaises). En Côte d'Ivoire, l'avikam est parlé par les Avikams, dans les régions des lagunes. La voix off est en français.
Jean Pierre Olivier de Sardan et Pierre Arragon montrent les pratiques d’un guérisseur de Grand-Lahou et mettent en évidence les modifications induites par l’arrivée du christianisme. Le film débute par des scènes de vie : pêcheurs, commerçants, habitants (début à 3 min) vaquent à leurs occupations. Nous apprenons par la voix off de Jean-Claude Dumas que Grand Lahou est une ancienne préfecture coloniale où se côtoient une population diversifiée, tant au niveau des origines géographiques (Côte d’Ivoire, Ghana, Mali, Niger, Togo…) que sur le plan confessionnel (animistes, musulmans et chrétiens) ou de la langue parlée. Un vieil homme raconte comment il a accompagné le premier missionnaire à Grand Lahou, le père Maury, qui a enseigné le catéchisme et baptisé la population. Les religions locales étaient liées aux génies des ancêtres et aux fétiches, ceux-ci étant aussi invoqués pour guérir et protéger. Ces religions ont été associées au christianisme lorsque les missionnaires ont cherché à l’imposer. Les guérisseurs utilisent ainsi la croix pour “soigner les corps et les âmes”. David, qui est l’un d’entre eux, prend son petit déjeuner au restaurant, avant de débuter ses consultations. Il est également membre de l’église harriste, dont les membres processionnent plusieurs fois par semaine dans la rue principale de Grand Lahou. La cloche de l’église sonne le début de la procession (3 min) qui rassemble les fidèles chrétiens, vêtus de blanc, chantant et marchant vers l’église, précédés par deux hommes religieux, l’un tenant une croix. Puis, dans la cour de la maison de David (4 min 20 à 10 min), celui-ci procède aux ablutions et purifications rituelles de ses malades, aidé de deux assistantes. “David utilise une pierre magique que son génie lui a procurée” et dont il se sert pour frotter le corps de sa patiente. Cette pierre “est tombée du ciel” devant l’église harriste. Les patientes attendent dans la cour de la maison et peuvent même y habiter le temps des soins. Le guérisseur utilise sa pierre magique ainsi qu’une bougie puis il fait boire une potion au petit enfant nommé [Kossi]. Les guérisseurs utilisent en général divers produits comme le talc, le kaolin, la bière et les œufs. David identifie que la maladie de [Kossi] vient du fait que sa mère, morte en couches, l’appelle de l’au-delà. Dans la cour, une patiente présente les premiers signes d’une transe (8 min 15 s). David la questionne et tente de la faire parler, afin d’entrer en communication avec le génie qui la possède, ce qu’il réussit à faire après les premières minutes de transe. David et ses assistantes sont très attentifs aux paroles prononcées par la possédée. Cette séquence filmée est ensuite montrée à une autre guérisseuse nommée Victorine (11 min 34s). Celle-ci, qui soignait autrefois à l’aide de danses rituelles de possession, n’utilise plus aujourd’hui que des plantes, suite à sa conversion au christianisme. Elle a remplacé les danses par la prière. Accompagnée par deux autres femmes, elle extrait une racine du sol et explique son utilisation dans le cas de prurit occulaire ou de plaie au crâne. Puis elle montre une autre plante qui soigne les caries. A l’église, le prêtre lit le verset du jour en français et un autre homme traduit ses propos en langue avikam. Le sermon qu’il prononce dénonce sans ambiguïté le culte des fétiches. Victorine explique que le Saint-Esprit, qui est Dieu et qui a créé les génies, est capable de guérir. Il existe de nombreuses autres églises à Grand Lahou. Pour certaines, le Saint-Esprit peut faire entrer les fidèles en transe et procéder à des guérisons. Par exemple, les pêcheurs venus du Ghana (16 min-18 min) ont leur propre église. Ici, les femmes dansent autour de leur prophète guérisseur nommé [Tongo], au son des tam-tams, frappés par les plus jeunes. Un marin-pêcheur, Matthew Mansah, témoigne en anglais sur sa croyance en Jésus Christ et raconte avoir été victime de magie noire : une substance toxique déposée dans sa nourriture l’avait rendu gravement malade. Ce sont ses prières qui lui ont redonné la santé. Il évoque également, dans le cas des rituels de pêcheurs, les différences de pratique entre celles des croyants en Jésus Christ et celles des religions traditionnelles. Les réalisateurs nous montrent alors le guérisseur nommé Blaise Brou, réalisant une invocation au génie de l’embouchure qu’il semble nommer “Boukgro”, lui offrant des œufs et du vin (19 min-20 min). Victorine, elle, met en garde contre les guérisseurs qui recherchent surtout la renommée. Chez David (21 min-24 min), en fin d’après-midi, toutes les patientes partent ensemble pour se rendre vers le lac sacré, à côté du village, tandis que pour certains, il est l'heure de la prière musulmane. La patiente qui était en transe s’immerge dans le lac; elle semble apaisée. Les rituels et ablutions se poursuivent pour les autres patients, notamment pour le petit [Kossi] et la jeune adolescente Adjama, dont l’histoire tragique serait en lien avec un viol. Elle est très malade et elle sera conduite à l’hôpital quelques jours plus tard, où elle succombera d’une grave anémie, alors qu’elle était enceinte. David, le guérisseur, explique que le génie du lac sacré peut prendre la forme d’un crocodile. Autrefois, le père missionnaire Van Dijk l’a baptisé du nom de Saint Joseph. Devenu ainsi un “homme” de Dieu, le génie fait désormais uniquement le bien. Il apparaît tous les 28 décembre, jour de sa fête. Le film se termine avec le bref enregistrement du chant d’une vieille femme assise au bord de sa maison, évoquant notre peur universelle de la mort.
Biographie ou Histoire :
le film a été diffusé sur Canal France International.
Ancienne cote :
V100160-161
Caractéristiques matérielles et contraintes techniques
:
qualité sonore et visuelle très bonnes.
Conditions d'accès :
consultation en ligne.
Droits gérés par l'IAMM. La guérisseuse : Victorine, les guérisseurs : David et Blaise Brou, l'enfant [Kossi], le marin-pêcheur : Matthew Mansah. Montage : Mme Tellier, Catherine. Mixage : M. Letellier, Roger. Assistant : M. Koukoura, Diplo. Voix : Daumas, Jean-Claude.
Information sur le traitement :
analyse documentaire de Astou Ndoye Seck, septembre 2021.