Date :
Année scolaire 1979-1980
Description physique :
Film en noir et blanc. Certaines images ne sont pas de très bonne qualité. Durée : 1h.
Description :
Le film débute par des extraits d'entretiens sur le thème "avoir 20 ans" (jusqu’à 1min 20s), puis le générique passe derrière des couvertures du magasine 20 ans : "Avec la participation de : Leïla Enan, Charlette Borghese, Elodie Fuentes, Aimée Tachet, Paulette Emmanuelli, Edmonde Charles-Roux". Ce sont les élèves élèves de terminale G1 et de 1ère S2 du lycée Joliot-Curie à Aubagne qui ont réalisé le film. La bande son du générique est composée de deux chansons interprétées par la chanson de Francis Lalanne "J'ai 20 ans et le monde à prendre" suivi la chanson de Georges Moustaki "Votre fille a 20 ans" interprétée par Serge Reggiani. Une phrase est ajoutée au générique : « Ce film est dédié à mon ancienne élève Florence Bosqui morte à l’âge de vingt ans ».
Description :
Quatre élèves donnent leur point de vue sur les espaces où l’on peut rencontrer l’Orient et terminent par cette phrase « En 1982, c’est l’année de « L’Orient des Provençaux » à Marseille, nous n’avons pas échappé à la fascination » (jusqu’à 4min 4s
Le premier témoignage est celui de Leïla Enan, qui avait 20 ans en Egypte en 1955 (jusqu’à 14min 52s). Elle est interrogée dans une salle de classe, avec en arrière-plan une affiche de l’exposition « L’Orient des Provençaux ». Elle évoque le profil « racial » de sa famille et de son appartenance sociale. Elle revient sur la trajectoire professionnelle de son père. Issu d’une famille de paysan, il a fait fortune mais, peu économe, il en a épuisé une bonne partie. Elle décrit sa mère comme une femme bourgeoise égyptienne occidentalisée. Fait rare en Egypte dans sa catégorie socio-professionnelle, elle est enfant unique et c’est sans doute la raison pour laquelle son père accepte qu’elle fasse des études, contre l’avis de ses oncles maternels. Elle obtient sa licence en 1955 et se marie la même année. A travers l’exemple de son mari, elle tente d’expliquer l’évolution des mentalités des hommes égyptiens à cette époque. Son mari n’a pas accepté facilement qu’elle fasse des études puis qu’elle travaille et elle ajoute que la bourgeoisie égyptienne n’avait qu’une occidentalisation de façade. Elle précise cependant qu’elle a vu évoluer cela en quelques années, à travers le cas de son mari en particulier. Cette génération d’hommes et cette catégorie sociale ont pris leur destin en main pour changer celui de l’Egypte.
Le deuxième témoignage est celui d’Elodie Fuentès (jusqu’à 19min 50s) qui a 20 ans en 1937 en Algérie (en arrière-plan s’affiche une carte postale de Blida). Elle a travaillé comme domestique à partir de ses 13 ans dans une famille bourgeoise. Elle se souvient de patrons plutôt gentils mais de sa souffrance face aux différences sociales et culturelles. Elle a été scolarisée seulement 3 ans, mais étant attirée par les livres, elle a appris à lire seule : avec les quelques livres de ses parents ou en feuilletant ceux de ses patrons en cachette. Ses parents sont d’origine espagnole et ils ne parlaient que cette langue à la maison. Elle s’est mariée quelques semaines avant ses 21 ans, avec un homme qu’elle connaissait depuis ses 13 ans, sans attirance particulière. Un peu plus tard dans le film (avant la 25e min). Elodie Fuentès rend compte de son activité politique, après son mariage et l’arrivée de ses enfants comme une forme de prise de conscience des différences sociales et des difficultés pour gérer le budget familial.
Le troisième témoignage celui de Charlette Berghèse (jusqu’à 24min 23s) qui a 20 ans à Marseille en 1956. Elle s’est mariée à environ 20 ans et cela a été pour elle synonyme de liberté. Elle explique que ses parents étaient sévères. Elle évoque à ce propos la fierté corse de son père en racontant une anecdote. A 18 ans, elle travaille tout l’été pour s’offrir un pantalon, mais ses parents refusent qu’elle l’achète. Elle a rencontré son mari sur le trajet de l’école, dans le tram. Amis au départ, ils sont tombés amoureux. Elle a un bon souvenir de la période des fiançailles : ils s’envoyaient des lettres et cela était pour elle très romantique. Les parents ont accepté qu’il vienne la voir chez eux en leur présence. Lorsqu’il a fait son service militaire à Toulon, il venait parfois le soir manger avec eux et les parents les autorisaient à aller au cinéma le week-end mais pas à la mer. Un peu plus tard dans le film, Charlette Berghèse (avant 25min 46s) explique qu’elle ne s’est jamais intéressée à la politique et ne sait pas si des événements importants se sont passés en 1956.
C’est l’occasion d’une transition où un lycéen (jusqu’à 26min 17s) rappelle les événement de 1956 et introduit les témoignages suivants de femmes qui ont eu 20 ans entre les deux guerres mondiales.
Tout d’abord, Aimée Tachet témoigne, elle qui a eu 20 ans en 1914 dans les Vosges (de 26min 17s à 34min 14s). Son mari est parti à la guerre, il lui racontait ce qu’il se passait dans des correspondances et lorsqu’il avait des permissions. Elle a commencé le travail en usine à partir de 12 ans. Elle avait les mêmes horaires de travail que les autres ouvrier·ères : de 5h à 19h, avec une pause 11h30-13h pour le repas, et une entre 7h30 et 8h : pour le petit déjeuner (café ou soupe). Elle faisait du tissage 14heurs par jour, du lundi au samedi. Le patron passait tous les jours dans l’usine et personne n’avait le droit de parler. Les rencontres avec les garçons étaient très surveillées. Son père l’autorisait à aller dans les bals municipaux, de faire 3 danses maximum avec le même garçon, le tout sous le contrôle des parents. A la question « est-ce que l’on parlait des Allemands chez vous ? », elle élude et récite un monologue qui rappelle que toute les femmes sont des mères, tous les soldats sont des enfants ; une mère française soignera toujours un soldat, même s’il est allemand.
Edmonde Charles-Roux a eu 20 ans en 1940 (34min 14s à 36min 26s). Elle habitait à l’ambassade où travaillait son père, à Rome, mais elle passait ses vacances chez ses grands-parents maternels à Marseille au moment où la guerre a éclaté. Pour rester en contact avec les garçons de la famille mobilisés, la famille, la famille décide qu’elle restera à Marseille. Elle apprend l’existence de cours intensifs et accélérés pour devenir infirmière et s’y inscrit, dans la tradition familiale puisque sa mère a également été infirmière en 1914-1918.
Un peu plus tard (38min 57s à 44min 55s), elle mentionne qu’après avoir obtenu son diplôme d’infirmière dans les cinq premières, elle a pu choisir son affectation. Elle s’est portée volontaire pour la 429ème et est allée à Verdun avec la légion étrangère (composée d’antifascistes italiens et de républicains espagnols). Elle rend compte de la différence de son vécu avec la vision que sa famille avait des Espagnols par exemple. De sa prise de conscience, entre le réel et le récit familial, est née sa vocation de journaliste. Elle raconte ensuite son expérience d’infirmière à cette période. Dans un autre extrait (47min 40s à 48min 58s), elle raconte comment, par le bouche à oreille, elle a pris connaissance de l’appel du général de De Gaulle et se rappelle combien Marseille était favorable à Pétain, en évoquant la ferveur de la foule. Dans un dernier extrait (51min 37s – 56min 8s), elle se souvient avoir tenu un journal de route tenu en 1940. Repliée à Marseille pendant l’occupation, elle a profité de la bibliothèque de ses grands-parents maternels.
Paulette Emmanuelli a aussi eu 20 ans à Marseille en 1940 (de 36min 26s à 38min 57s). Elle présente son engagement politique et celui de son père qui était marin et cuisinier et mentionne le Cercle des jeunes filles de France ainsi que sa formation d’infirmière faite à Marseille pendant un an. Puis (entre 44min 55s et 47min 40s) elle parle du local rue des Fiacres (proche de la porte d’Aix) où elle a participé à des réflexion sur la Résistance. Elle n’a pas voulu accepter la capitulation et a été ravie de l’appel à la Résistance lancée par De Gaulle. Dans un avant-dernier extrait, elle raconte (de 48min 58s à 51min 37s) qu’elle a été envoyée à Lyon pour la direction du PCF de la zone sud. Elle a ainsi beaucoup voyagé dans les villes de cette zone. Elle distribuait des tracts, accrochait des banderoles… Elle explique que toute sa famille s’est engagée dans la Résistance. Elle raconte enfin (56min 8s) son arrestation mars 1941 à Lyon, la cour martiale, la condamnation aux travaux forcés ; envoyée Allemagne sans espoir de libération, elle n’a pour autant jamais pensé au suicide.
Conditions d'accès : Geneviève Joutard, réalisatrice des films, a signé un contrat d'utilisation avec le Secteur archives de la recherche - Phonothèque de la Médiathèque de la MMSH, toutefois le film ne peut être diffusé en public car plusieurs questions juridiques n'ont pas été précisées, qu'il s'agisse des personnes qui ont participé à sa réalisation, de certains documents affichés ou de la bande musicale.
Documents en relation :
Le film a été présenté le vendredi 3 février 1984 aux archives de la ville de Marseille, 1 place Carli sous le titre "De l'orient à l'occident, un jour elles ont eu vingt ans" avec cette question : "A travers six mémoires, les élèves de 1ère S2 et de Terminale G1 du lycée Joliot Curie d'Aubagne posent le problème : le mythe de 20 ans est-il illusion ou réalité ?". Le feuillet photocopié (qui donne la liste des 6 femmes témoins) est rangé dans un porte-vue coté B4-JOG-001 (6ème pochette).