Date :
2011-08-06
Description physique :
Durée : 3h 19min.
Description :
Fanny Colonna s’entretient avec deux anciens membres des CLAJ, Augustine Rabarin et Laurent Marro (qui arrive un quart d’heure après le début de l’entretien). Des problèmes techniques ont fait que l’enregistrement a été coupé à plusieurs reprises lors de l’entretien. Les interlocuteurs évoquent à plusieurs reprises Libéro et Jacques Mazé, deux figures importantes des mouvements de jeunesse de l’époque. Ils mentionnent également de nombreuses autres personnes, membres de CLAJ ou des mouvements indépendantistes algériens. Fanny Colonna explique son intérêt pour la question : en 1953 à Alger, elle s’est intégrée dans un groupe de réflexion “type Conscience maghrébine”. Par la suite, en 1956-57, elle a accompagné sa mère en France où l’un de ses contacts, membre du FLN, l’a orientée vers Augustine à Nice. Elle explique qu’à l’indépendance, sa famille a choisi de prendre la nationalité algérienne plutôt que française. Elle est partie d’Algérie au début de la guerre civile en 1993, et n’y est pas retournée pendant 13 ans. Elle a ensuite retrouvé Augustine et elles ont eu l’idée, en souvenir de cette époque, de faire un travail sur les relations entre les cadres haut placés du FLN et les gens ordinaires (“comme nous”). Toutes deux s’étonnent du manque de suivi des relations après l’indépendance, alors que les gens des CLAJ s’étaient exposés pour la cause. Augustine raconte qu’en 1955, elle était au relais des CLAJ au Foreston, où séjournait également Salah Louanchi (1923-1990). Ce dernier pouvant difficilement passer en Italie sans avoir à montrer ses papiers, c’est Augustine qui se rendait à San Remo une fois à deux fois par semaine pour aller chercher le courrier (bien que le courrier n’arrivait presque jamais). Elle explique qu’ils attendaient des renseignements de Ben Bella (1916-2012), qui n’était pas en Algérie à l’époque. Laurent, quant à lui, ne s’intéressait pas à la question algérienne. Il raconte quelques événements qui illustrent l’ambiance au relais des CLAJ de Cap d’Ail. Par exemple, des gens étaient venus leur demander s’il était possible d’héberger une délégation nord-coréenne au relais, ce qui était évidemment tromperie et qui prouve, selon Laurent, que les renseignements généraux les avaient à l'œil. Au cours de l’entretien, les interlocuteurs font état de relations entre les mouvements scouts français d’Algérie et les scouts musulmans, notamment à travers la figure de Pierre Chaulet, qui était à l’époque commissaire des routiers. A propos de Jacques Mazé, il apparaît qu’il avait une relation suivie avec Salah Louanchi. Par ailleurs, Jacques Mazé, malgré ses rapports étroits avec Libéro, était assez indépendant vis-à-vis des CLAJ. Il est décrit par les interlocuteurs comme trop “intellectuel” par rapport aux couches populaires sur lesquelles reposaient les CLAJ. Il se voyait malgré tout confier certaines missions, comme le transport de papiers, d’armes ou d’argent. A ce propos, Fanny Colonna s’interroge assez longuement : pourquoi les armes sortaient-elles de France pour aller en Italie ? A partir 1962, d’après les témoins, Jacques Mazé aurait arrêté de s’intéresser à l’Algérie. Les interlocuteurs évoquent également les relations entre l’Eglise et les mouvements pour l’indépendance algérienne. Selon Fanny Colonna, les CLAJ prenaient des risques inconsidérés en s’engageant de la sorte, sans prendre de précaution. Pour les témoins, les renseignements généraux étaient au courant de leurs activités. D’ailleurs, Jean (commissaire politique du FLN de la région, évoqué à plusieurs reprises par Fanny Colonna dans ses entretiens) a été arrêté et est resté un certain temps à Fresnes, où venaient probablement lui rendre visite des gens des CLAJ. Une certaine Fatima (non identifiée au moment du traitement documentaire) avait aussi été arrêtée et serait morte sous la torture. A la demande de Fanny Colonna, Laurent revient sur la figure de Charlot (identifié comme Charles Dusnasio au moment du traitement documentaire) et du tandem qu’il formait avec Libéro, qui en était la tête. Laurent raconte avoir été permanent de 1965 à 1973 aux CLAJ, un poste qui lui plaisait même s’il était moins bien payé que lorsqu’il était ouvrier. Il était alors au relais d’Allos, dans le chalet de Sainte-Brigitte. Libéro était pour lui un soutien en qui il pouvait se confier et qui était de bon conseil. Il le décrit comme très savant avec une énorme capacité de travail. Toutefois, il a fini par préférer partir et couper les liens avec Libéro, puis est entré dans l’Education nationale. Il est retourné aux CLAJ 20 ans plus tard. A propos de Libéro, les interlocuteurs précisent que, bien que réduit à l’état laïc par l’Eglise, il ne s’est jamais mis en couple et continuait à dire la messe. En fin d’entretien, il apparaît que le système mis en place par Libéro s’est écroulé dans les dernières années de sa vie. Est également évoquée la bibliothèque mise en place par Charles Dusnasio au relais de Clairvallon.
Ancienne cote :
F5285,F5286
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