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Fonds Michel-Eugène Chevreul (1786-1889)

Date : 1810-1901
Langue : Les documents sont le plus souvent rédigés en français.
Description physique : 66 boîtes.

Organisme responsable
Muséum national d'Histoire naturelle, Direction des bibliothèques et de la documentation. Bibliothèque centrale
38, rue Geoffroy-Saint-Hilaire - 75005 Paris
01 40 79 48 49
http://bibliotheques.mnhn.fr
bibliotheques@mnhn.fr

Description :
Le fonds Michel-Eugène Chevreul est composé de six grands lots, à savoir :
- Les archives relatives à sa vie privée, comprenant des documents ayant trait à sa biographie, à la célébration de son centenaire, et son activité en tant que conseiller municipal et maire de L'Haÿ-les-Roses.
- Les archives relatives à ses travaux scientifiques cardinaux, comprenant notamment les manuscrits autographes et documents imprimés de ses multiples publications dans les Comptes rendus de l'Académie des sciences ; ses activités de recherches menées sur la couleur, la teinture et le guano ; ses écrits pluriels sur l’historiographie de la chimie.
- La correspondance, active et passive.
- La documentation scientifique collectée par Chevreul, et ses recherches substantielles et écrits portant sur diverses thématiques (agronomie, biologie, botanique, géologie, paléontologie, médecine, physique, mathématiques, sciences humaines et sciences occultes).
- Les archives relatives au déroulement administratif de sa carrière en tant que Directeur du Muséum d’Histoire naturelle.
- Enfin une dernière partie est consacrée à ses activités institutionnelles et ses responsabilités scientifiques hors du Muséum : notamment auprès de l’Académie des sciences, du Comité consultatif des arts et manufacture, de la Société d’agriculture, des revues savantes, et son investissement, assidu et non négligeable, auprès des comités dédiés à la préparation des Expositions universelles.
Classement : Le classement par dossier respecte l'arrangement choisi par Chevreul pour ses papiers. La correspondance est classée par ordre alphabétique.
Producteur du fonds ou collectionneur : Michel-Eugène Chevreul
Biographie ou Histoire :
Chevreul a accompli une œuvre scientifique pléthorique et publié environ 800 notes, mémoires et ouvrages sur les sujets les plus divers que son esprit encyclopédique et son exceptionnelle longévité lui ont permis d’aborder : l’histoire des sciences, la chimie, la physiologie, les couleurs, la photographie et bien d’autres domaines, comme les sciences occultes.
A 17 ans, il quitte Angers, sa ville natale, pour venir suivre, à Paris, les cours de chimie de Nicolas Vauquelin qui le remarque et le prend comme préparateur dans son laboratoire au Muséum où il devient aide-naturaliste en 1810. Il s’y exerce à diverses recherches sur les colorants végétaux – indigo, garance, gaude, etc. – et acquiert une formation solide auprès d’un maître exemplaire. Chevreul étudie essentiellement la qualité et la stabilité des colorants extraits de diverses sources, et leurs transformations sous l’action de réactifs chimiques variés.
En 1812, un événement important marque une orientation nouvelle dans sa carrière : un travail confié par Vauquelin portant sur la graisse de porc et de potasse. A cette époque, la chimie des corps gras n’existe pas encore, l’apport de Chevreul est donc essentiel : il étudie les graisses d’hommes, de mouton, de beurre, les huiles de spermaceti, de dauphin et de poisson. Il définit les principaux acides gras, décrit leurs propriétés chimiques, leurs caractéristiques, et leur donne des noms : acides stéariques, oléiques, margariques, butyriques, capriques… Ses travaux, communiqués régulièrement à l’Académie des Sciences qui en publiait les Comptes-rendus, ont été regroupés dans un ouvrage, édité en 1823, sous le titre de Recherches chimiques sur les corps gras d’origine animale. Ces travaux ne relèvent pas seulement de l’ordre académique, puisqu’en 1825, il dépose, conjointement avec Gay-Lussac, un brevet d’application sur la fabrication des bougies stéariques.
Le 9 août 1826, Michel-Eugène Chevreul est élu membre de la section de chimie de l’Académie des Sciences. Il est président de cette Académie à deux reprises : en 1839 et en 1867. En 1829, il est appelé à succéder à Vauquelin, comme Professeur de chimie appliquée aux corps organiques et enseigne au Muséum pendant soixante ans. L’annonce de ses cours est placardée dans différents endroits de Paris ; des affiches en sont conservées.
En 1836, il devient pour la première fois Directeur du Muséum d’Histoire naturelle, et son mandat est renouvelé six fois, entre 1837 et 1863. Par la suite, il occupe de nouveau ce poste, de 1864 à 1879, avant d’être nommé Directeur honoraire. Durant son mandat de Directeur, Chevreul a dû affronter deux crises graves, dont l’une concerne la sauvegarde des collections muséales pendant les bombardements prussiens de Paris en 1871.
En complément de ses charges de professeur et chercheur en chimie organique, ainsi que de membre de l’Académie des sciences, Chevreul est nommé par Louis XVIII, en 1824, directeur de l’atelier des teintures de la Manufacture des Gobelins : il conserve cette fonction jusqu’à sa retraite en 1883, à l’âge canonique de 97 ans. Tandis qu'au Muséum, il continue ses recherches sur les corps gras, c’est dans le cadre des Gobelins que Chevreul réalise ses principaux travaux sur la fabrication des colorants et la perception des couleurs. Il fait de nombreux efforts pour doter son service d’un laboratoire digne de la renommée des Gobelins.
Chevreul initie aux Gobelins ses recherches sur la stabilité des teintures et la classification des couleurs : son attention est vite attirée par les phénomènes de perception des couleurs et les effets produits par leur juxtaposition. Appliquant sa méthode expérimentale, qu’il nommait alors « méthode a posteriori expérimentale », il est conduit à donner une explication générique aux phénomènes de contraste. Ses observations et ses recherches l’amène à faire paraître en 1839 : De la loi du contraste simultané des couleurs et de l’assortiment des objets colorés considéré d’après cette loi dans ses rapports avec la peinture, les tapisseries des Gobelins, les tapisseries de Beauvais, pour meubles, les tapis, la mosaïque, les vitraux colorés, l’impression des étoffes, l’imprimerie, l’enluminure, la décoration des édifices, l’habillement et l’horticulture. Selon Chevreul, l’œil tend à fondre les nuances de deux couleurs juxtaposées afin d’atteindre un équilibre souhaité au niveau du cerveau ; deux points de couleurs différentes perçus simultanément sont ainsi synthétisés par l’œil comme une combinaison formant une nouvelle teinte. Poursuivant son œuvre dans le domaine de la création et la classification d’une nomenclature des couleurs, Chevreul produit le tout premier cercle chromatique aux 720 tons.
Ses théories sur la vision des couleurs ont exercé une influence prépondérante sur le néo-impressionnisme et ses multiples ramifications – le divisionnisme de Seurat et Signac ou encore le début de l’abstraction au travers des fameux « Disques simultanés » de Delaunay.
Chevreul s’intéresse également au problème de la teinture au sein de la Manufacture des Gobelins : devant surveiller la fabrication des colorants, il contribue à améliorer la qualité de nombreuses teintures, qui étaient souvent extraites de végétaux comme l’indigo, la gaude, le curcuma, le rocou, la garance ou encore l’oseille. Des bois tinctoriaux et des échantillons de colorants de cette époque sont toujours conservés aux Gobelins.
Dès 1826, Chevreul organise des cours de chimie appliquée à la teinture, qui ont lieu tous les deux ans et comprennent trente leçons jusqu’en 1840 : Chevreul donne des leçons sur la teinture aux Gobelins, puis aux industriels de Lyon ; ces leçons, prises en sténographie, sont largement reproduites et diffusées.
En 1832, Chevreul est élu membre de la Société Royale d’Agriculture qu’il préside de 1849 à 1889. Ses travaux dans le domaine de l’agronomie traitent de sujets pluriels : l'étude du guano, la production de la laine et de la soie, la culture du blé, l’économie des animaux, la chimie appliquée à la physiologie végétale et à l’agriculture…
Sujet secondaire dans l’œuvre pléthorique de Chevreul, la photographie fait tout de même l’objet d’une étude suivie de la part du savant : il porte un intérêt particulier aux recherches de Niepce de Saint -Victor, qu’il encourage et commente régulièrement au sein de l’Académie des Sciences.
Durant sa longue carrière, Chevreul ne s’est pas limité seulement à des travaux scientifiques ; il est l’un des premiers savants à s’intéresser au champ de l’histoire des sciences et à l’alchimie tout particulièrement. En 1851, Chevreul fait paraître plusieurs articles consacrés à ce sujet, qui sont suivis en 1867-1868, par la traduction et la scolie du Traité d’Artéphius, daté supposément du Ve siècle. Chevreul a toujours été critique face aux sciences occultes, comme l’astrologie, la rhabdomancie et le spiritisme, qu’il a dénoncés avec rationalisme. Il a ainsi réalisé plusieurs expériences afin de les démystifier et les déconstruire : ces recherches furent publiées, en 1854, dans son ouvrage phare De la baguette divinatoire, du pendule explorateur et des tables tournantes.
Le centenaire de Michel-Eugène Chevreul, célébré les 30 et 31 août 1886, fut national et grandiose : des honneurs exceptionnels lui sont rendus par le gouvernement français, les multiples sociétés savantes dont il était membre ainsi que par toute la notabilité française. A cette occasion, le célèbre photographe Félix Nadar et son fils Paul prirent plus de cent photos durant leur entretien ; le reportage photographique fut publié par le Journal Illustré, le 5 septembre 1886. Il nous révèle de précieuses informations sur les conceptions et travaux de ce polymathe, de même que sur sa manière de vivre.
Chevreul, très s’affaibli, s’éteignit le 9 avril 1889. La France lui offrit des obsèques nationales et sa dépouille fut inhumée dans le caveau de famille à l’Haÿ-les-Roses, dont il a été le maire de 1851 à 1864.
Accroissements : Fonds clos.
Conditions d'utilisation : La reproduction et la publication sont soumises à conditions, consultables sur le site Internet des bibliothèques du Muséum : http://bibliotheques.mnhn.fr
Citer sous la forme : Muséum national d'Histoire naturelle, Bibliothèque centrale. Ms ...
Bibliographie :
- "L'art de vivre cent ans, trois entretiens avec M. Chevreul", Le Journal illustré, 5 septembre 1886.
- Binet J.-L., M.-E. Chevreul : "De la loi du contraste des couleurs", Paris, Faculté de médecine Pitié Salpêtrière, 1974.
- Gastinel-Coural, C., Michel-Eugène Chevreul, un savant, des couleurs, G. Roque, B. Bodo, F. Viennot (eds), MHN et EREC, Paris et Puteaux,1997.
- Roque, G., Art et science de la couleur : Chevreul et les peintres, de Delacroix à l'abstraction, Paris, Gallimard, 2009.
- Volf, E., Michel-Eugène Chevreul : Un savant doyen des étudiants de France — Des corps gras et de la chandelle à la perception des couleurs, Paris, L'Harmattan, 2012
Producteur du fonds ou collectionneur : Chevreul, Eugène (1786-1889)
Sujet : Chimie

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