Date :
1868-1982
Organisme responsable
Muséum national d'Histoire naturelle, Direction des bibliothèques et de la documentation. Bibliothèque centrale
38, rue Geoffroy-Saint-Hilaire - 75005 Paris
01 40 79 48 49
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bibliotheques@mnhn.fr
Producteur du fonds ou collectionneur :
Laboratoire des Pêches Coloniales ; Abel Jean Gruvel
Biographie ou Histoire :
1912 : Création par le ministre des Colonies, dans le cadre de l’Ecole pratique des hautes études, d’un Laboratoire de Productions Coloniales d’Origine Animale, implanté au Muséum. Directeur : GRUVEL jusqu’en 1941
1920 : GRUVEL devient le premier titulaire de la chaire de Pêches et Productions Coloniales d’Origine Animale.
1942 : Théodore MONOD est nommé professeur au Muséum, titulaire de la chaire des Pêches et Productions Coloniales d’Origine Animale, en remplacement de GRUVEL. Directeur : MONOD jusqu’en 1975
1958 : L’intitulé de la chaire « Pêches et Productions Coloniales d’Origine Animale » est transformé en « Pêches Outre-Mer ».
23-24 mars 1973 : Avant d’abandonner la direction de son laboratoire, MONOD organise deux journées d’études consacrées aux « Eaux et pêches outre-mer, inventaire, écologie, utilisation ».
21 février 1974 : L’Assemblée des professeurs du Muséum décide de transformer la chaire des « Pêches Outre-Mer » en un laboratoire de « Dynamique des Populations Aquatiques ».
1er septembre 1975 : Jacques DAGET est nommé sur le poste laissé vacant par le départ de MONOD. Directeur : DAGET jusqu’en 1984 09 octobre
1975 : DAGET est accueilli à l’Assemblée des professeurs du Muséum et nommé sur le champ gérant de la chaire des « Reptiles et Poissons » en raison du départ à la retraite de son titulaire, Jean GUIBE (prédécesseur : Léon BERTIN).
23 octobre 1975 : l’Assemblée se réunit de nouveau afin de discuter de l’avenir de la chaire des « Reptiles et Poissons ». Proposition de DAGET : restriction de la compétence de la chaire des « Reptiles et Poissons » aux Reptiles et Amphibiens, et transfert de tout ce qui concernait les Poissons et les collections ichtyologiques au Laboratoire de Dynamique des Populations Aquatiques, l’intitulé de celui-ci étant changé en « Ichtyologie Générale et Appliquée ».
Septembre 1976 : 2ème Congrès européen des Ichtyologistes à la Maison de l’UNESCO sous la présidence de Théodore MONOD. DAGET y annonce l’adoption par le Muséum de deux dispositions intéressant les ichtyologistes : -La création, devenue officielle d’un Laboratoire d’Ichtyologie Générale et Appliquée, réunissant les anciennes chaires des « Pêches Outre-Mer » et la partie consacrée aux Poissons des « Reptiles et Poissons », -Et le regroupement des collections, notamment celles de Poissons, dans un bâtiment dit Zoothèque, spécialement conçu pour les abriter.
Abel Jean GRUVEL (1912-1941) → Théodore MONOD (1942-1975) → Jacques DAGET (1975-1984) → Roland BILLARD (1985-1999) → François MEUNIER (2000-2003) → Dominique DOUMENC (2004-2007) → Guy DUHAMEL (2008-…).
Laboratoire de Productions coloniales d’origine animale (1912) ↓ Chaire de Pêches et Productions coloniales d’origine animale (1920) ↓ Chaire des Pêches Outre-Mer (1958) ↓ Laboratoire de Dynamique des populations aquatiques (1974) ↓ Laboratoire d’Ichtyologie générale et appliquée (1976) ↓ Département Milieux et peuplements aquatiques (2004) Et Département Systématique et Evolution (2004)
Biographie ou Histoire :
I.Contexte
Le classement des archives de l’ancienne Chaire et Laboratoire des Pêches et Productions coloniales d’origine animale (« Pêches coloniales » puis « Pêches outre-mer ») du Muséum national d’Histoire Naturelle, est l’occasion de redécouvrir Abel Jean GRUVEL qui en fut l’instigateur et le directeur jusqu’à son décès en 1941. Etablir la place du savant suppose d’abord quelques précisions sur l’administration coloniale, et plus particulièrement sur l’Afrique Occidentale Française (AOF), si décisive dans la « vocation coloniale » de GRUVEL. L’AOF est fondée en 1895. En 1902, le Gouvernement général s’installe à Dakar. La hiérarchie coloniale administre directement l’ensemble des territoires à la veille de la première guerre mondiale, même si la Mauritanie demeure territoire militaire jusqu’en 1920 et n’est jamais totalement soumise dès qu’on s’éloigne de la mer. La « pacification » au sens complet du terme (paix et mise en valeur commencée) est totale à la sortie de la première guerre mondiale, après l’écrasement de révoltes sporadiques durant les enrôlements. Les gouverneurs généraux de l’AOF ne restent pas durablement à leur poste (environ 5 ans). De plus, ils disposent de faibles moyens financiers. Mais le caractère hiérarchisé et autoritaire des institutions accroît démesurément l’influence d’un petit nombre de personnes. De nombreuses affaires remontent jusqu’au gouvernement général, et à tous les échelons, on prend des décisions multiples dans tous les domaines. Les spécialistes, scientifiques ou administratifs, sont en contacts directs avec les gouverneurs généraux ou de colonies. C’est avec Ernest Nestor ROUME (1858-1941), gouverneur général de l’AOF en poste du 15 mars 1902 au 15 décembre 1907, que l'idée de la Fédération des colonies avec un budget centralisé et un gouverneur général fort prendra tout son sens. Au lendemain de son décès, le « Journal de la Société des Africanistes » (tome 12, 1942) retracera la carrière africaine de ROUME : « En 1902, le futur Président de la République Gaston Doumergue, alors ministre des Colonies, juge de l’intérêt du pays de le désigner pour un gouvernement colonial. On lui confie nos anciennes et neuves possessions de l’Ouest africains, dont la structure n’est pas encore bien définie, dont l’organisation surtout demeure insuffisante. L’œuvre maîtresse d’Ernest Roume fut de doter ce magnifique domaine d’un statut durable, et de lui assurer une armature qui lui permît de prospérer. Grâce à la formule fédérative, souple et robuste, le gouvernement général de l’AOF fut pourvu d’un budget stable et ses ressources s’accrurent en sécurité d’année en année. Il fut possible ainsi de gager des emprunts importants, puis de réaliser des travaux dont bénéficièrent rapidement toutes les colonies du groupe. Chacune, pourtant, conservait son budget particulier ainsi que son autonomie. Mais le Gouvernement général intervenait comme élément de coordination ou d’impulsion. Il apportait son aide financière et multiforme. Le système réussit pleinement. L’étape fut décisive. A la période de pacification, liée elle-même aux conquêtes, succéda la première mise en valeur. De cette époque date le splendide développement de l’AOF. Les ports s’ouvrirent, desservis par le chemin de fer. Les colonies furent métamorphosées ». D’autre part, au début du 20ème siècle, il était beaucoup question des difficultés que la concurrence anglo-saxonne faisait peser sur l’armement morutier français ; on se préoccupait de trouver des champs d’action nouveaux pour les marins pêcheurs. C’est ainsi que le gouverneur général ROUME confie la première mission d’étude dans l’Afrique Occidentale à GRUVEL, et lui accorde ensuite une mission permanente pour l’étude de toutes les questions se rattachant à la pêche sur les côtes de l’Afrique Occidentale. L’industrialisation des pêches est posée comme étant à faire par tous les acteurs de la « mise en valeur » coloniale, administration, scientifiques et/ou experts et secteur de la pêche. Or, dans le même temps, la notion de protection de la nature et plus spécifiquement de la faune, apparaît et se développe en plusieurs étapes, partant d’une prise de conscience de la situation de vulnérabilité des animaux menacés par l’action de l’homme et de la diminution progressive de leur nombre. Pour la faune aquatique, elle s’appuie sur le développement de la recherche en biologie marine en France à la fin du 19ème siècle. A cette époque et dans la continuité des recherches entreprises par DARWIN, sont nées un certain nombre de stations marines en France. Les fonctions de ses stations étaient de poursuivre empiriquement les travaux de DARWIN sur l’évolutionnisme, d’appliquer des méthodes expérimentales à la biologie, de développer des liens entre la science, les pêcheries et l’aquaculture en s’inscrivant dans un élan général de coopération entre politiques et scientifiques. Industrialisation des pêches et prise de conscience de la ressource limitée à préserver semblent contradictoires. Et ce sera le rôle des savants que d’aider à mettre en place des stratégies d’action de protection de la nature, surtout après les « ravages » de la Première Guerre mondiale, dans un contexte de croissance industrielle et technique. Les archives du Laboratoire des « Pêches coloniales » de GRUVEL sont particulièrement intéressantes de ce point de vue et nous permet de comprendre comment ce dernier s’est représenté la situation durant les 35 années où il s’est prononcé sur la pêche en AOF et dans les autres colonies françaises.
II.Carrière de GRUVEL
Gruvel est né au Fleix (Dordogne) en 1870. Enfant, sous l’influence d’un oncle ayant servi à Madagascar, il songe aux voyages lointains et nourrit un temps le projet de devenir médecin de la marine ou des colonies. A la Faculté de Médecine de Paris, influencé par ses éminents professeurs, Henri De Lacaze-Duthiers, Yves Delage et Alfred Giard, il s’oriente vers la Zoologie. Reçu en 1889 à la licence ès-sciences naturelles, il accepte un poste de préparateur au laboratoire de Lacaze-Duthiers. Et deux ans plus tard il est reçu à la licence ès-sciences physiques. En 1893, il est Docteur ès-sciences naturelles avec une thèse sur les Cirripèdes. En 1894, il est nommé Chef de Travaux à la Faculté des Sciences de Bordeaux. L’année suivante, il est chargé d’une conférence de zoologie, qui devient un cours supplémentaire en 1898 et, à la fin de 1900, il obtient le titre de Maître de Conférences. En 1902, il fonde le laboratoire de zoologie agricole en coopération avec les viticulteurs et agriculteurs de la région en demande de savoir technique et de formation. Et pour en assurer la pérennité, il créé, la même année, la Société d’étude et de vulgarisation de la Zoologie agricole. GRUVEL qui est sensible aux questions d’ordre économique, est en effet convaincu que la science peut aider les agriculteurs à lutter contre les parasites qui menacent leur récolte. Il prend également part, dans le même temps, à la création de l’Institut de Viticulture de la Gironde, installé à Cadillac. Peu à peu, GRUVEL se détache du milieu universitaire et s’en explique ainsi : « Mes fréquents séjours dans les laboratoires marins de Roscoff, de Banyuls et autres, mes nombreuses excursions dans le Golfe de Gascogne à bord de chalutiers d’Arcachon, avec ou sans mes élèves de la Faculté, avaient développé en moi un goût profond pour les études de zoologie marine et d’océanographie ». En 1905, il accepte de diriger une mission d’études portant sur l’inventaire scientifique de la faune marine de l’Afrique Occidentale. Cette mission est engagée sous l’autorité du gouverneur général de l’AOF ROUME mais sous l’impulsion de la Société Géographique et Commerciale de Bordeaux. Elle est guidée autant par des intérêts scientifiques (exploration de la faune et de la flore) que par des aspects économiques (évaluation des possibilités de développement d’une industrie halieutique) et des ambitions politiques (contrôle de territoires coloniaux). L’expédition vise à répondre à des questions pratiques telles que l’ampleur des ressources, les outillages de pêche, les techniques de conservation… Après le succès de cette campagne de pêche qui dura quatre mois, le Gouverneur ROUME donna lui-même une mission permanente à GRUVEL : « Je montai sur le chalutier. Un laboratoire y avait été installé et, partout, on ne voyait qu’instruments d’étude, engins de pêche, poissons de toutes les espèces, recueillis en cours de route, conservés de toutes les façons pour en faciliter l’étude scientifique, ou tranchés de toutes les manières… Je fus heureux de lui confier une mission officielle pour l’étude de toutes les questions se rattachant à la pêche sur les côtes de l’Afrique Occidentale Française. Cette mission permanente, qui devait d’abord durer dix ans, s’est continuée pendant quinze ans. Et ce furent quinze années d’apostolat scientifique et économique au cours desquelles les résultats les plus brillants furent obtenus, entre autres la fondation de Port-Etienne ». En 1912, cette mission permanente est transformée, à la demande du Ministère des Colonies, au sein de l’Ecole pratique des hautes études, en un Laboratoire de productions coloniales d’origine animale, installé au Muséum dans les anciennes galeries d’Anatomie comparée. Puis, en 1920, GRUVEL est le premier occupant de la Chaire des pêches et productions coloniales d’origine animale au Muséum. Dans un article de 1921, GRUVEL revient ainsi sur cette évolution : « Le Laboratoire des Pêches et Productions coloniales d’origine animale du Muséum n’est que le résultat de la transformation et de l’agrandissement du Laboratoire de Productions coloniales d’origine animale créé, à l’Ecole des Hautes-Etudes… Ce dernier Laboratoire était spécialisé, avant la guerre, à la seule étude des productions des eaux de l’Afrique occidentale française… Les services du Laboratoire ont donc été étendus, d’une façon générale, à toutes les Colonies françaises et il est ainsi devenu le Laboratoire central des Pêches coloniales, en même temps qu’il s’occupe de l’étude et de l’exploitation de tous les produits coloniaux d’origine animale : produits de l’élevage, de l’apiculture, de la sériciculture, plumes, oiseaux de parure, ivoire, etc. … L’enseignement que comporte la chaire qui nous a été confiée au Muséum doit s’adresser surtout au grand public. Il sera organisé et orienté de façon à l’attirer le plus possible en même temps que tous ceux qui s’intéressent déjà aux choses coloniales. Il comportera toujours une base scientifique solide, hors de laquelle on ne peut rien entreprendre, pas plus aux colonies qu’ailleurs, mais ce sera pour en montrer les applications pratiques, plus ou moins immédiates et sur lesquelles on insistera d’une façon toute spéciale. Nous espérons ainsi, grâce à tous les documents réunis au Laboratoire, grâce aussi à l’enseignement qui sera donné, à attirer, de plus en plus, l’attention du public sur les questions coloniales et former des naturalistes spécialisés, capables d’aller sur place poursuivre des études scientifiques, appliquées à l’exploitation de nos richesses coloniales. L’exploitation bien comprise des extraordinaires richesses de nos colonies doit contribuer, pour une grande part, au relèvement économique de notre pays ». GRUVEL procède à des enquêtes sur les ressources de toutes les possessions françaises d’outre-mer et groupe autour de lui de jeunes collaborateurs qu’il envoie en missions (Jean THOMAS sur le Niger et en Afrique équatoriale, G. PETIT à Madagascar…). Lui-même continue d’accomplir de nombreuses missions (en Norvège, au Maroc, en Syrie, au Canal de Suez…). En 1925, il provoque la création d’un comité national pour la protection de la faune coloniale. En 1926 il fonde une publication spéciale, La Faune des Colonies françaises. Jusqu’à son décès, GRUVEL travaille en étroite liaison avec le Ministère des Colonies (dont il est conseiller scientifique et technique sur toutes les questions de pêche coloniale) et les Administrateurs coloniaux. Il est de tous les grands congrès coloniaux et des congrès internationaux qui concernent son domaine et il participe aux travaux de comités et de sociétés savantes à vocation coloniale. En 1931, dans le cadre de l’Exposition coloniale internationale de Paris, GRUVEL installe l’Aquarium du Musée des Colonies (Aquarium de la Porte Dorée) qu’il dirige jusqu’à son décès. Enfin, de 1933 à 1935, il dirige le Laboratoire de biologie marine du Muséum d’Histoire naturelle à Saint-Servan, puis à Dinard à partir de 1935. Après sa mise à la retraite et sa nomination de professeur honoraire, survenues en 1940, il accepte d’être maintenu dans ses fonctions pour la durée des hostilités. Il s’éteint à Dinard le 18 août 1941, à l’âge de 71 ans.
III.Travaux de GRUVEL
« De bonne heure, je me suis senti attiré vers les applications pratiques de la Science et plus spécialement de la zoologie… Mon œuvre coloniale tout entière forme un ensemble dont il est, en quelque sorte, impossible de séparer ce qui est de la science pure de ce qui n’en est que l’application, tellement tout se tient dans une œuvre semblable. Il en est de même pour les applications à l’agriculture, à l’industrie du froid… ». Jusqu’en 1905, GRUVEL se consacre à l’étude des Cirripèdes et à ses cours pratiques en zoologie agricole. En 1906, toutes ses recherches ont été condensées dans un important volume de 470 pages, avec 427 figures, « Monographie des Cirripèdes ou Thécostracés », couronné par l’Académie des Sciences (Prix Jérôme Ponti). A Bordeaux, il organise les séances de manipulation des étudiants de licence et de ceux du certificat d'études physiques, chimiques et naturelles (dit PCN) nouvellement créé. Il réunit ses leçons en un Précis d’Anatomie et de dissection et un Précis de Microphotographie et de technique histologique publiés chez Deyrolle en 1897 et 1902. Après 1902, il donne des conférences hebdomadaires de zoologie dans son Laboratoire de la Faculté des Sciences de Bordeaux ainsi qu’un cours de parasitologie agricole à l’Institut de Viticulture de la Gironde : « Si l’on voulait atteindre le mal dans sa racine, c’est-à-dire avoir raison des insectes, qui, à cette époque, commençaient à sévir durement sur la vigne, les pruniers, les tabacs, etc…, il fallait étudier, d’une façon précise, la biologie des insectes destructeurs, afin de pouvoir appliquer des traitements efficaces ». A partir de 1905, les préoccupations de GRUVEL s’orientent vers les richesses de la mer et des colonies et ses principaux travaux de zoologie appliquée peuvent être présentés tels qu’il les a lui-même envisagés : applications à l’industrie des pêches maritimes et fluviales (« la pêche est l’agriculture des mers »), à la pisciculture, à la Chasse et à la Protection de la faune sauvage dans les Colonies Françaises, à l’industrie du froid, à l’industrie française en général et à l’Administration des colonies et de certains pays de protectorat.
a.Applications à l’industrie des pêches maritimes et fluviales coloniales (« La pêche est l’agriculture des mers »)
Pour « établir l’inventaire scientifique des richesses marines et fluviales d’origine animale de nos Colonies », GRUVEL a créé le Laboratoire des pêches et productions coloniales du Muséum, puis des organismes secondaires dans un certain nombre de colonies (Service océanographique des pêches de l’Indochine ; Laboratoires de recherches appliquées à l’industrie des pêches maritimes à la Martinique, à la Guadeloupe et à la Réunion ; Mission permanente d’études biologiques en Nouvelle-Calédonie ; Laboratoire local de recherches marines à Saint-Pierre). Il a créé et organisé le centre de pêche de Port-Etienne en 1906-1907. Ses travaux ont aussi permis le développement de l’industrie des pêches et des conserves sur la côte du Maroc, l’organisation du centre de chasse aux Cétacés de Port-Gentil (Gabon), l’organisation de pêcheries sur les côtes de Syrie. Et il a organisé diverses missions d’études pour ses collaborateurs (missions G. PETIT à Madagascar et à la Réunion ; missions Th. MONOD en Mauritanie, au Cameroun, au Niger, dans le sud algérien…) Dans le domaine des eaux, GRUVEL s’est s’attaché à la nature et à la topographie des fonds marins, à l’établissement de cartes de pêche. Il a publié des observations océanographiques et zoologiques, des notes de faunistique (en particulier en 1910, une importante Contribution à l’étude générale et systématique des Palinuridés).
b.Applications à la pisciculture
Au point de vue piscicole, GRUVEL a consacré aux ressources fluviales de nombreux articles et rapports spéciaux. Au Maroc, il a exploré la plupart des cours d’eau du Moyen Atlas et il a créé en 1924, à Azrou, un établissement de pisciculture des Salmonidés. De même, à la fin des années 1930, il a créé une Station de pisciculture à Pita (AOF, Guinée française).
c.Applications à la Chasse et à la Protection de la faune sauvage dans les Colonies Françaises
GRUVEL, comme conseiller technique du Ministère des Colonies, a rédigé de nombreux rapports pour la règlementation de la chasse, aux Cétacés sur les côtes, aux animaux sauvages dans la brousse, sans compter ceux qu’il a consacré à la protection de la nature à partir de 1925, en qualité de Président, puis de Secrétaire général du Comité national pour la Protection de la faune coloniale (et de la flore coloniale à partir de 1929). On doit à ce Comité l’établissement d’une liste des espèces de Mammifères et d’Oiseaux dont la protection était reconnue nécessaire, la réglementation de la chasse dans les Colonies, la création de parcs nationaux de refuge, de fermes d’acclimatement et de fermes d’élevage. GRUVEL a des liens avec des comités de protection de la nature en Belgique, aux Etats-Unis, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni. C’est grâce à lui que se tient à Paris en 1931 un « congrès international pour la protection de la nature ».
d.Applications à l’industrie du froid
GRUVEL, membre fondateur de l’Association française du Froid, a « suivi avec intérêt tout ce qui a été fait dans cette industrie pour obtenir une meilleure conservation des denrées périssables, en général, et, plus spécialement, des poissons, crustacés, mollusques… ». Et il a beaucoup participé à l’organisation rationnelle des transports à grande distance, de Madagascar en France par exemple. Il a également, « à cause du grand intérêt que cela peut présenter pour nos Colonies, étudier l’action du froid, combinée avec celle du fumage, pour la conservation de certains poissons ». Il a été membre du Conseil de l’Institut international du Froid, de la Commission permanente du Froid au Ministère de l’Agriculture, et délégué des Colonies à tous les Congrès nationaux et internationaux du Froid.
e.Applications à l’industrie française en général
« Au cours de mes voyages dans les Colonies et pays de Protectorat, ainsi que de mes diverses études sur les produits coloniaux d’origine animale, aussi bien marins que fluviaux et terrestres, j’ai eu l’occasion d’attirer l’attention du public industriel français, sur un certain nombre de produits qu’il serait facile de tirer de nos Colonies, au lieu d’aller les chercher dans les Pays étrangers et de les payer en devises appréciées. Dans tous mes ouvrages sur les Colonies, j’ai signalé ces productions qui ont donné lieu, en outre, à quelques publications spéciales… Dans l’industrie des pêches, la question des sous-produits est presque aussi intéressante que celle des produits eux-mêmes ». GRUVEL a beaucoup contribué à orienter l’industrie française vers l’utilisation d’un certain nombre de produits coloniaux et de sous-produits de la pêche susceptibles de remplacer sur le marché les substances similaires venant de l’Etranger : guanos, farines de poisson, huiles de corps et de foie de poisson, vessies natatoires, peaux (de poissons et de reptiles), sans oublier la question des salines et du sel, importante pour la conservation des produits de la pêche.
f.Applications à l’Administration des colonies et de certains pays de protectorat
« En qualité de conseiller technique du Ministère des Colonies, du Gouvernement Général de Madagascar, de la Résidence générale du Maroc, etc... et grâce aux nombreux voyages d’études spéciales que j’ai accomplies dans beaucoup de ces Territoires, ainsi que dans les Pays étrangers et la plupart de leurs Possessions, je crois avoir acquis, sur tout ce qui touche aux questions scientifiques ou techniques concernant la faune marine ou fluviale de nos Colonies et ses possibilités d’exploitation, tout au moins une certaine compétence. Elle est mise à profit, surtout, par le Ministère des Colonies, qui m’envoie, pour examen et avis, tous les documents administratifs qui lui sont adressés par les Gouverneurs généraux et gouverneurs des Colonies, concernant, aussi bien les questions relatives aux pêches que celles concernant les différentes missions scientifiques ou techniques qui ont pour but l’étude des produits des eaux dans nos Possessions. Ma présence dans les Conseils du ministère me permet de faire envoyer en mission d’études, mes divers Collaborateurs, suivant les demandes qui sont adressées au Département ». Les conseils de GRUVEL à destination du Ministère des Colonies, des gouverneurs généraux et des gouverneurs des Colonies sont des projets de mise en valeur qui répondent à trois types d’objectifs, d’importance croissante : développer la production et les procédés de conservation « indigènes », afin d’améliorer la démographie des colonies ; augmenter le nombre de pêcheurs métropolitains, afin d’accroître la production nationale et d’amortir les crises du secteur en France, tout en faisant attention à la faune aquatique ; et surtout, accroître et améliorer les procédés de transformation des déchets et des produits secondaires, pour conquérir des marchés à l’exportation.
IV.Conclusions
Et GRUVEL de conclure dans ses « Titres et Travaux scientifiques » en 1930 : « C’est ainsi que sont étudiées, d’abord scientifiquement, puis techniquement, toutes les questions se rapportant aux faunes marine et fluviale de nos diverses Possessions lointaines, que les possibilités d’exploitation industrielles plus ou moins totales, en sont indiquées et que les espèces menacées de disparition sont protégées dans la plus large mesure possible ».
Modalités d'entrée dans la collection :
Les archives des Pêches coloniales proviennent de 3 versements succesifs :
- Le plus important, transféré en 2007 par le Département Milieux et Peuplements Aquatiques (MPA), portait uniquement sur le laboratoire des Pêches et productions coloniales d'origine animale du professeur Gruvel
Le Département a également tranféré en 2007 d'autres archives portant sur une période postérieure à celle du professeur Gruvel mais s'inscrivant dans la continuité du Laboratoire qui changea de nom en 1958 pour devenir le Laboratoire des Pêches d'outre-mer avec pour directeur le professeur Théodore Monod
En 2011, un reliquat d'archives a été retrouvé à la Bibliothèque d'Ichtyologie du Muséum et adjoint au fonds prioncipal des Pêches coloniales.
Conditions d'utilisation : La reproduction et la publication sont soumises à conditions, consultables sur le site Internet des bibliothèques du Muséum : http://bibliotheques.mnhn.fr
Citer sous la forme : Muséum national d’Histoire naturelle, Bibliothèque centrale. ARCH PC ...