Rouzé, Michel

Biographie ou Histoire :
Journaliste militant puis journaliste scientifique, Michel Rouzé (1910-2004 ; pseudonyme de Michieslazc Kokoczynski) a notamment fondé et longtemps animé l’Association française pour l’information scientifique (AFIS).
Jeune étudiant dans les années 1930, il commence par s’engager au sein de la SFIO puis du Parti socialiste ouvrier paysan (PSOP) de Marceau Pivert. Absorbé par la politique et le journalisme, le hasard des rencontres l’amène à collaborer à plusieurs titres de la presse algérienne (Oran républicain puis Alger républicain, dont, en lien avec son engagement résistant, il contribue à la reparution à partir de 1943). Anticolonialiste, il adhère au PCF en 1948 et travaille alors pour plusieurs titres de la mouvance communiste (Action, Ce soir, etc.). Prenant ses distances avec le stalinisme, il s’éloigne cependant du parti dès les années 1950 ; il entre alors dans une période de doutes et s’oriente peu à peu vers le journalisme scientifique (il avait déjà travaillé auparavant sur des sujets scientifiques comme la psychiatrie ou l’atome, et publié notamment, en 1950, une biographie de Frédéric Joliot-Curie). Il assure ainsi la rédaction en chef du mensuel Constellation puis le secrétariat général de La Nature avant de diriger, de 1957 à 1966, la rédaction de Diagrammes, revue de vulgarisation des découvertes savantes. De 1964 à 1966, il anime également, en parallèle, « le magazine des sciences à l’ORTF », puis, de 1969 à 1983, produit sur France Culture une émission hebdomadaire portant sur l’actualité scientifique (« Les chemins de la connaissance », devenue « Regards sur la science »).
Membre de l’Union rationaliste, il crée en 1966, aux côtés de Victor Leduc, la revue Raison présente, et contribue à partir de 1969 à sa rubrique « Trimestrielles ». En novembre 1968, dans la continuité de ses engagements militants précédents, il lance l’AFIS ou Cahiers de l’AFIS, revue de l’Agence française d’information scientifique (devenue en 1978 Association française d'information scientifique), qui existera sous ce titre jusqu’en 1985 avant de devenir AFIS. Science et pseudo-sciences, la publication se dotant alors d’un véritable comité de rédaction. A la tête de cette publication créée en solitaire, en s’appuyant sur ses diverses activités journalistiques (la revue publie ainsi des interviews, des textes de conférences et des transcriptions d’émissions de radio), il entend « asseoir auprès du grand public un rapport à la science positif, mais adossé à un esprit critique et éthique ». Les Cahiers de l’AFIS mènent ainsi un combat constant contre le charlatanisme et les pseudo-sciences, en dénonçant par exemple la présence des « fausses sciences » à la télévision.
Michel Rouzé — qui en 1979 devient secrétaire du Comité français pour l’étude des phénomènes dits paranormaux (CFEPP) et, en 1983, contribue aux travaux de la Mission interministérielle de l’information scientifique et technique (MIDIST) — prend alors plus que sa part dans de nombreux combats médiatiques contre la diffusion des croyances irrationnelles. Il est la véritable cheville ouvrière des Cahiers de l’AFIS, dont la production, restée artisanale, bénéficie cependant, dans les années 1980, de l’arrivée de nouveaux contributeurs militants : ceux-ci se réclamant du rationalisme depuis des positions politiques parfois opposées, les débats sont parfois vifs entre rédacteurs. L’AFIS connait alors une certaine audience, en parvenant à toucher simultanément le public savant et le « grand public ». Michel Rouzé vieillissant, et faute d’énergies militantes pérennes, une « crise de transmission » s’ouvre cependant à partir du début de la décennie 1990. Organisée autour d’un nouveau comité de rédaction, la revue, au sein de laquelle Jean-Michel Krivine s’investit de plus en plus, évolue alors pour s’intéresser à de nouveaux sujets et, surtout, laisser une place plus grande à l’expertise scientifique —changements confirmés après la mort de Michel Rouzé en 2003.
Une notice biographique complète de Michel Rouzé est consultable dans « le Maitron », Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier en ligne.
Sylvain Laurens lui consacre aussi de nombreuses pages — dont les citations ci-dessus sont extraites — dans son ouvrage Militer pour la science : les mouvements rationalistes en France, 1930-2005 (Editions de l’EHESS, 2019 ; ouvrage consultable à La contemporaine, cote O 306312).