Défense de la France

Biographie ou Histoire :
Le mouvement Défense de la France est structuré autour d’un journal clandestin, qui promeut une résistance civile et morale contre l’occupation. Se formant sur le tas à la typographie et déplaçant régulièrement leurs machines pour échapper aux perquisitions, les auteurs parviennent à publier deux fois par mois un journal tiré à près de 10 000 exemplaires en 1942. La diffusion atteint plus de 100 000 exemplaires en 1943 grâce au développement de l’organisation qui possède désormais plusieurs presses et d’importants stocks de papier. Le rayonnement du journal favorise le recrutement au sein du réseau qui passe à une résistance plus active (renseignements, sabotage, etc.).
Dès 1942, le mouvement Défense de la France met en place une organisation pour produire des faux papiers. Elle se dote d’une gamme de documents et timbres officiels servant de modèles ou de faux parfaitement imités. Constitué en majorité d’étudiants et de fonctionnaires en zone Nord, le mouvement peut profiter au début de la complicité de ceux-ci avant de se doter d’un atelier indépendant fonctionnant de manière presque industrielle. Son principal dirigeant Michel Bernstein en vient à rédiger un Manuel du Faussaire définissant les règles à respecter pour remplir les documents falsifiés. L’atelier est un soutien actif à la mobilité des résistants, des soldats alliés ou des réfractaires au STO qui profitent également de notes les renseignant sommairement sur le lieu ou sur les notables de leur prétendue commune de résidence.
Un des ateliers de faux du mouvement se trouvait au domicile d'une membre du réseau François de Rivière 88, rue de l'Université alias "Therese" (devenue Françoise Michaut, elle sera bibliothécaire puis conservatrice, responsable du service slave à la BDIC à partir de 1959). Suite à une dénonciation et l'arrestation du personnel technique le 20 mai 1944, Therese" put cependant emporter des amres mais aussi les zincs des faux timbres Pétain (1,5FF) émis. Par l'intermédiaire de Mlle Lacour, résistante et bibliothécaire à la BDIC, elle les fit déposer anonymement à la BDIC. A la Libération, une exposition organisée rue Scribe par le Musée et financée en partie par le mouvement fut organisée entre décembre 1944 et janvier 1945. Une partie des recettes genérées par la vente du stock restant de faux timbres Pétaien produits clandestinement pendant la guerre fut attribuée à la BDIC pour des acquisitions de documents relatifs à la Seconde Guerre mondiale et plus particulièrement à la Résistance et aux FFL (soit environ 1,2 millions de francs de l'époque).
On trouvera également dans le fonds plusieurs documents ayant trait à l'activité de Philippe Viannay (en particulier des faux papiers utilisés) en tant que principal dirigeant du mouvement Défense de la France. Rédigeant de nombreux éditoriaux du journal clandestin, il utilisait le pseudonyme Indomitus.