Date :
1961-1972
Langue :
français
Description physique :
12 cartons.
Organisme responsable
La contemporaine
Université Paris Nanterre
184 cours Nicole Dreyfus
92000 Nanterre
Téléphone : 01 40 97 79 00
Mail : collections@lacontemporaine.fr
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Classement :
Le plan de classement de provenance a été conservé : dans la partie « documents de travail, études » ont été rassemblés tous les documents renvoyant à une production proprement scientifique : notes et documents organisés en vue de la rédaction d’une contribution sur la crise et la réforme de l’Université (ce qui renvoie à la thématique de la massification, et aux réflexions qui se font jour dans les milieux universitaire et politique pour affronter ce nouveau défi), enquête sur les étudiants de Tours (un questionnaire qui nous renseigne sur les propriétés sociales d’un ensemble d’étudiants un an avant mai 68), compte-rendu du Colloque International des Sciences Sociales de décembre 68 (qui montre l’impact de l’année 68 dans le monde sur la recherche internationale en sciences sociales).
Dans la partie « Documents militants », ce sont au contraire tous les textes « indigènes » qu’ont pu rassembler les chercheurs durant leur enquête qui sont regroupés. Concernant les courants politiques avant mai 68, on retrouve surtout des documents concernant l’Union des étudiants communistes (UEC), étant donné que l’UEC constitue la « roche » commune à la plupart des « groupuscules gauchistes » qui se développeront dans le milieu étudiant à partir de la fin des années 60 (maoïstes, trotskistes, …). Les documents relatifs à la crise du secteur lettres de l’UEC (1965) sont de ce point de vue emblématiques. Les chemises rassemblant les tracts, appels et autres textes des différents courants politiques dans mai 68 permettent d’effectuer la comparaison avec lepaysage politique des années 60. A noter également quelques documents sur ce qu’on a appelé le « parti de l’ordre », c'est-à-dire les différents groupes modérés ou d’extrême droite, opposés au mouvement de mai. Une brochure de la MNEF, section de Lille, datant de 1961 sur les étudiants salariés montre les problématiques qui s’affirment à l’époque dans le mouvement étudiant, renvoyant aux transformations qualitatives du milieu, à son hétérogénéisation sociale. Les textes de la Fédération nationale des étudiants de France (FNEF), organisation issue et concurrente de l’UNEF, valorisent une vision de l’étudiant comme cadre de la société moderne, conception technicienne qui subordonne le développement universitaire aux seuls besoins économiques. Les documents concernant l’UNEF couvrent plusieurs périodes : une AG « mino » en 1966, l’UNEF en mai, bien sûr, avec textes et tracts de l’époque, l’UNEF de l’immédiat après mai qui organise les universités populaires ou critiques pour relier le savoir au peuple, enfin l’UNEF dans sa crise finale suite aux répercussions de l’ébranlement politique de 68 (la scission de1971). On trouvera également les comptes-rendus de débats qui eurent lieu à Tokyo en août 1968, lors de la « conférence internationale contre la guerre » organisée par les Zengakuren, organisation radicale des étudiants japonais sur le mode du SDS allemand . Des documents concernant l’université de Vincennes en 1969 donnent un aperçu de ce laboratoire de l’après-68. Les documents semblent avoir été recueillis par un(e) certain(e) Christobel Wellesley, étudiant(e) britannique à Vincennes.
Les documents sur le mai universitaire parisien sont en comparaison beaucoup moins nombreux, même si sont rassemblés des éléments de provenances diverses, des différentes facultés en passant par les Beaux-Arts ou Sciences Po. A noter : une interview de Cabu, étudiant aux Beaux-Arts (enregistrement audio à demander), des éléments sur la confrontation entre différents groupes prétendant donner un sens au mouvement à la faculté de Droit et sciences économiques (comité de grève, regroupement des étudiants modérés, Comité de Liaison des Etudiants pour la Rénovation Universitaire) des comptes-rendus d’assemblées générales en Sorbonne et à Censier, la retranscription des débats d’un meeting sur l’« université critique » à Nanterre (en avril 68).
Dans l’ensemble « Comités et mouvements divers » sont regroupés tous les tracts, textes, affichettes, appels, etc. des CA, comités ouvriers-étudiants de tous types, du Mouvement d’Action Universitaire, des comités Vietnam…Enfin, parmi les documents relatifs au mai des salariés sont abordés la grève à l’ORTF, la mobilisation des enseignants, des chercheurs au CNRS (ici Nicole de Maupéou-Abboud et ses pairs ont été leurs propres acteurs, puisqu’on trouve des documents sur l’organisation et la vie du mouvement au CNRS, puis des documents concernant les répercussions de mai 68 sur le Laboratoire de Sociologie Industrielle, avec la division de celui-ci entre le Centre d’Etudes des Mouvements Sociaux d’Alain Touraine, et le Groupe de Sociologie du Travail derrière Claude Durand). On trouvera également des documents sur les confédérations syndicales ainsi que sur les « syndicalistes prolétariens », courant animé par les maoïstes dans la CGT.
Ont été isolés, du fait de leur quantité et de leur richesse, les documents relatifs à mai-juin 68. Des sous-ensembles permettent d’organiser leur consultation. On trouvera, concernant mai 68 dans les régions de France, des informations sur de nombreuses villes universitaires. Le recueil est très riche en ce qui concerne les documents sur la vie des universités pendant le mouvement (comptes-rendus de réunions d’assemblées générales, de commissions paritaires enseignants-étudiants…), les tentatives de réformes des structures universitaires – en actes – ce qui nous rappelle que mai 68 était beaucoup moins politique dans les régions qu’à Paris, beaucoup plus tourné vers la réforme de l’Université. L’expérience de « l’Université autonome de Strasbourg » est à cet égard l’exemple le plus abouti. On peut constater également à quel point l’UNEF, si elle a par ses militants nourri la contestation dans les Universités, est vite dépassée par la constitution de comités d’action de toutes sortes. Comités qui peuvent parfois se livrer à une rude concurrence, ce qui renvoie aux stratégies politiques opposées de courants différents (comme à Besançon entre le Comité d’Action à la tonalité plutôt « gauchiste » et le « Comité des Etudiants pour une Université Démocratique » dont le discours exclusivement tourné sur les réformes structurelles de l’Université correspond davantage au profilUEC ). On trouvera des documents sur le salarié à certains endroits, mais le plus souvent par le prisme de la solidarité étudiante. Le recueil des documents, les interviews des acteurs du mouvement semblent avoir mobilisé des chercheurs extérieurs au noyau de départ (comme à Lille où la plupart des documents ont été rassemblés par Claude Dubar). Le mouvement du 22 mars a été un exemple pour des étudiants mobilisés d’autres villes (par exemple avec le mouvement du 25 avril à Toulouse). On trouvera enfin divers comptes-rendus de rencontres inter-universitaires qui ont rythmé la mobilisation étudiante : à Strasbourg, Aix-Marseille, Clermont-Ferrand, Grenoble.
Producteur du fonds ou collectionneur :
Nicole de Maupeou-Abboud, Louis Maheu, Claude Zaidman, Ginette Lemaitre
Provenance :
Les documents rassemblés dans ce recueil, provenant d’un fonds que l’on attribue à Nicole de Maupeou-Abboud et qui couvrent une période allant de 1961 à 1972, semblent avoir servi à la rédaction d’un ouvrage : Ouverture du ghetto étudiant. La gauche étudiante à la recherche d’un nouveau mode d’intervention politique (1960-1970).
Paru en 1974, rédigé sous la direction de Nicole de Maupeou-Abboud, cet ouvrage est le fruit du travail d’un groupe de chercheurs du Laboratoire de sociologie industrielle (Louis Maheu, Claude Zaidman, Ginette Lemaitre, Nicole de Maupeou-Abboud) ayant collecté, en 1968-69, une riche documentation sur les problèmes universitaires et le mouvement étudiant. Ce travail s’est effectué en collaboration étroite avec des militants ou anciens militants de la « grande UNEF » rencontrés au lendemain de mai-juin 68, notamment Serge Bosc qui est particulièrement remercié en préambule de l’ouvrage. Cet ouvrage visait, après l’explosion de mai-juin 1968, à comprendre les profondes transformations du milieu étudiant, à travers l’évolution parallèle de l’université (la massification) et du mouvement étudiant (l’intense politisation et la radicalisation de l’UNEF, à travers la guerre d’Algérie et le mouvement de critique de l’Université, de refus du corporatisme, jusqu’à la crise du syndicat). Le titre de l’ouvrage résume bien sa problématique : « ouverture du ghetto étudiant », c’est l’ouverture de la sphère universitaire sur la société, la sortie du corporatisme et « l’entrée en politique » du mouvement étudiant, mais c’est aussi le désenclavement d’un milieu qui s’élargit socialement, ne se limite plus à une minorité privilégiée d’héritiers.
L’incertitude quant au lien entre les documents traités, recueillis suite au décès de N. de Maupeou-Abboud, et l’ouvrage en question n’a pas été dissipée malgré nos investigations. Les informations concernant ces documents étaient très parcellaires. La consultation d’un collaborateur de l’époque (Serge Bosc) n’a pas permis de nous éclairer davantage. Dans les sources citées à la fin de l’ouvrage, les documents que nous avons traités ne sont pas mentionnés. Il nous a néanmoins semblé possible de relier ce recueil à l’ouvrage, car tant la thématique générale des documents que leur organisation renvoyaient à la préparation d’un ouvrage de ce type : classement des documents par chemise renvoyant à des grandes parties, mention sur les chemises d’initiales renvoyant aux chercheurs (« LM », « CZ »), illustrant le rassemblement de contributions différentes en vue d’un travail collectif… Surtout, la richesse et l’intérêt des documents qui sont mis à disposition à travers ce recueil sont un point d’appui important pour toute recherche s’inscrivant dans la période et la problématique couvertes par Ouverture du ghetto étudiant. La consultation de ce recueil en « miroir » avec l’ouvrage peut ainsi se révéler particulièrement heuristique.
Modalités d'entrée dans la collection :
Don effectué en février 2001.
Conditions d'utilisation : La reproduction, la publication ou la citation des documents sont soumises à l’accord préalable du donateur ou des ayants droit par l’intermédiaire de La contemporaine.
Citer sous la forme : Fonds Maupeou-Abboud, Nicole de. F delta 1061. La contemporaine.
Autre instrument de recherche :
Inventaire disponible sous forme de fichier PDF
Evaluation et tris
:
Aucun tri ou élimination n’a eu lieu.