Date :
1915-1922
Organisme responsable
La contemporaine
Université Paris Nanterre
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92000 Nanterre
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Description :
II s'agit de l'ensemble de la documentation rassemblée, dans de nombreux pays, par le Bureau d'étude de la presse étrangère, organisé par Julien Cain en 1915. Ce fonds constitue une "photo d'époque" très suggestive, qui tout en nous fournissant une image synthétique et détaillée de la plupart des pays développés sur une période située à cheval sur les années 1910 et 1920, nous réserve mille surprises sur le caractère et la mentalité du photographe, autrement dit sur les exigences, les habitudes, les mentalités, les critères d'analyse, les systèmes de classification et la philosophie du système d'information français de l'époque.
Classement :
Ce fonds n'est donc rien d'autre que l'ensemble des matériaux que le service rassemblait, sélectionnait, et afin de permettre l'élaboration d'articles destinés à paraître dans les bulletins du BEPE et en particulier dans le Bulletin périodique.Le service assurait la publication des titres qui suivent :
1 ) Le Bulletin quotidien de presse étrangère, recueillant les informations les plus diverses, en particulier sur les grands pays voisins de la France.
2)Le Bulletin périodique. Pour pallier le caractère fragmentaire du bulletin quotidien, on lança, à partir du 1er février 1916, un bulletin périodique, paraissant tous les dix jours. Le 1er mars 1922, six ans après sa création, J. Cain pouvait en dénombrer 25 séries différentes, consacrées à autant de pays ou groupes de pays dont la presse était dépouillée, traduite, synthétisée par le personnel du Bureau de la presse étrangère.
3)Le Recueil de documents étrangers qui rassemble les traductions intégrales d'une série de documents officiels considérés comme particulièrement importants.
Producteur du fonds ou collectionneur :
BEPE
Biographie ou Histoire :
Au début de la Grande Guerre, les ministères de la Guerre et des Affaires Etrangères organisent indépendamment leurs services d’informations, sous l’impulsion de la présidence du Conseil mais sans coordination véritable. La première préoccupation du gouvernement français est d’organiser la rédaction des communiqués officiels et la censure de la presse, par la loi du 3 août 1914. Un Bureau de la presse est installé à cet effet par le Cabinet du ministère de la Guerre. La Section d’information (octobre 1914) du GQG à Chantilly lui fournit les nouvelles, bientôt secondée par un organisme rival : le Bureau des Informations militaires, contrôlé directement par le ministère, transmet aux journaux l’information recueillie à la Section d’Informations après autorisation du Bureau de la presse. En amont, le Bureau (ou section) de recherche de renseignement et d’études de la presse étrangère (BEPE) est créé au 2ème bureau de l’ l’Etat-major des armées (EMA), le 17 février 1915. Il a pour fonction de renseigner le Commandement, l’EMA, le ministère de la Guerre et accessoirement les autres ministères en traduisant et synthétisant les articles concernant les divers fronts ainsi que l’état de l’opinion publique dans les différents pays belligérants ou neutres. Il aide ainsi indirectement à la propagande en recherchant les nouvelles ennemies à combattre ou les informations favorables à la France pour alimenter le Bureau d’information, et donc la presse française. Le Bureau recrute une centaine d’officiers et soldats mobilisés, traducteurs spécialisés dans les langues étrangères (essentiellement universitaires), mais aussi dactylographes, « ronéistes », collationneurs. Il est successivement rattaché au Cabinet du Ministre, au 5ème puis de nouveau au 2ème Bureau (en décembre 1917) de l’EMA. Pour la presse de langue allemande, il s’appuya sur la Section de Renseignements (SR) constituée à Belfort au début du conflit. Parallèlement, le Quai d’Orsay se contente du petit Bureau des communications chargé, depuis 1907, de dépouiller la presse et renforcé depuis août 1914 par un Bureau de presse, tandis que la propagande est largement laissée à l’initiative d’organismes non-gouvernementaux.
C’est Philippe Berthelot, directeur de cabinet du nouveau ministère Briand, qui prend l’initiative, dans les derniers mois de 1915, de créer un grand service unique de propagande. C’est la Maison de la Presse, qui commence à fonctionner au début de l’année 1916. Quatre services sont réunis en un même lieu : la Section diplomatique, héritière des services du Quai (notes, accueil des journalistes étrangers) ; la Section militaire, réunissant Section d’informations et Bureau des Informations militaires, ainsi que les services cinématographique et photographique, organisant également les tournées des journalistes au front ; la Section de propagande dirigée par Auguste Bréal (édition, missions hors de France, écoute des radios ennemies et réponse via notamment radio Tour Eiffel). Elle prend le contrôle de l’Union des grandes associations françaises contre al propagande ennemie née début 1917 d’initiatives privées ; le BEPE restant sous contrôle militaire , prend son plein développement dans le dépouillement systématique des journaux de chaque pays en collaboration avec la Section diplomatique. Il lançe la, publication d’analyses de presse, les Bulletins quotidiens de presse étrangère et Bulletins périodique de la presse (allemande, russe, italienne, etc.), nés en mars 1916, tirés à cinq cents exemplaires environ à usage confidentiel des ministères. La Maison de la presse ne réussit jamais à faire véritablement fonctionner ensemble les services diplomatiques et militaires. Elle est la cible de plusieurs campagnes de mise en cause par la presse et les commissions parlementaires, pour son recrutement et son coût excessif. La Maison de la presse est accusée d’être un « asile d’embusqués » comme le note Paul Morand en octobre 1916. La Maison de la presse ne survécut pas sous son nom au départ de Briand (et donc de Berthelot) remplacé par Ribot en mars 1917. les services furent réorganisés e deux branches : d’abord, le Service de l’Information diplomatique rassemble services militaires (dont le BEPE toujours dépendant du ministère de la guerre, qui employa jusqu’à cinquante traducteurs mobilisés) et diplomatiques. Il crée alors un nouveau centre d’étude de la presse étrangère, le Bureau d’études de l’information diplomatique (BEID), qui publie des synthèses économiques et politiques par pays. Il coordonne l’action des bureaux de presse français à l’étranger (Berne, Genève, Rome, Madrid, Londres, New-York, etc.) et continue à collaborer avec le BEPE pour ses publication, auxquelles il faut ajouter à partir de 1918 le Recueil de documents étrangers. Ensuite, le Service de l’information à l’étranger centralisait les activités de propagande.
Après plusieurs mois de réflexion, le ministère Clemenceau (décembre 1917) crée, en mai-juin 1918, un Commissariat général à l’information et à la propagande, interministériel, mais dirigé par le ministère des Affaires Etrangères. Confié à Klobukowski, le Commissariat concentra la propagande dans un centre d’action de propagande contre l’ennemi, reprenant le contrôle de l’Union de grandes associations contre la propagande ennemie. Il est supprimé le 31 août 1919 pour des raisons financières et ses services sont de nouveau répartis entre ministère. Mais le service de propagand,e en tant que tel, disparaît au Quai d’Orsay. En revanche, celui-ci conserve le BEPE, qui est rattaché après la démobilisation en février 1919 au service d’information et de presse, réorganisé et dirigé par Charles Corbin. Cette disparition reflète bien le peu d’intérêt que portent les pouvoirs publics français à l’organisation unifiée de la propagande en temps de paix, alors qu’un Commissariat à la propagande unique a été mis au point, au bout de quatre années, à travers confusions (d’où par exemple l’utilisation persistante du nom de Maison de la Presse bien après sa disparition officielle en 1917) et conflits. L’établissement d’une direction et d’une politique communes n’ont jamais été possibles. Chaque ministère reprend, sans vraiment en modifier l’esprit, ses activités de diffusion d l’influence françaises dans le monde (service des œuvres françaises à l’étranger au Quai d’Orsay), tandis que la propagande vers l’intérieur disparaît théoriquement en tant que telle, remplacée par la simple surveillance menée par les services du ministère de l’Intérieur.
Modalités d'entrée dans la collection :
Les cartons verts issus du Bureau d'Etudes de la presse étrangère ont été donnés, en plusieurs fois entre le 7 avril 1919 et le 10 octobre 1932, à la Bibliothèque-Musée de la Guerre, appellation d'origine de la BDIC, selon une tradition orale, à la demande de Georges Clemenceau. La redéfinition des fonctions du BEPE explique probablement le classement de leurs archives au début des années 1920 et le don, avant 1924 selon les dires de J. Dubois, des cartons du BEPE pour la période 1916-1922 à la Bibliothèque de la guerre, alors même que le Bureau poursuivait son activité jusqu’en 1940. Ces versements s’accompagnent d’un engagement à continuer à donner régulièrement les périodiques étrangers servant à la fabrication du bulletin.
Conditions d'utilisation : La publication et la reproduction de ces documents sont soumises à l'autorisation préalable des ayants droits et de la direction de La contemporaine.
Bibliographie :
Etude universitaire :
Horvat, Sophie. De la naissance du BEPE à la maison de la presse : les ambiguités de l'information en temps de guerre, aout 1914 - mars 1916. Paris : IEP, Mémoire DEA Histoire, 1998.
Essais
:
Montant, Jean-Claude. La propagande extérieure de la France pendant la première guerre mondiale : l'exemple de quelques neutres européens Lille: éd. ANRT, 1989.
Cain, Julien. Le BEPE et ses publications in la Revue de synthèse historique, Tome XXXIII Paris : Librairie Léopold Cerf, 1922.
Information sur le traitement :
Lorsqu’en 1986, nous avons entrepris le traitement de ce fonds, qui comptait plus de 1200 cartons, contenant plusieurs centaines de milliers de pièces, nous n’avions aucun élément, aucune trace écrite susceptible de nous orienter dans cette masse de documents. Nous ne savions pas avec précision quels étaient les thèmes traités, ni les périodes couvertes, car les indications portées au dos des cartons n’étaient pas toujours explicites. La première étape du travail a donc été de répertorier et de trier les cartons afin de pouvoir dégager des ensembles homogènes. Une fois définis ces ensembles nationaux ou thématiques, nous avons pu commencer le traitement proprement dit : d’abord des ensembles nationaux, lorsqu’ils étaient assez clairement organisés (c’est à dire les cartons portant au dos un nom de pays, une liste de thèmes, et dans les meilleurs des cas un numéro d’ordre). C’était le cas de tous les fonds nationaux à l’exception du fonds consacré à la France, qui a demandé un travail long et fastidieux de réorganisation. Pratiquement dès le début du traitement nous avons pris l’option, plutôt avant-gardiste pour l’époque et si banale aujourd’hui, d’utiliser les outils bureautiques, bases de données et traitement de texte. La procédure de traitement a pratiquement toujours été la même : établissement d’un répertoire des titres des cartons, puis traitement de chaque carton, avec dépouillement par dossiers (les dossiers contenus par chaque carton étant l’unité documentaire). Chaque fiche de dossier, identifiée par un numéro de carton, suivie d’un numéro de dossier recevait entre autres les mots-clé qui s’y rattachaient. Nous avons ainsi constitué une base de données pour chaque ensemble thématique. A partir de ces bases de données, nous avons élaboré, sur traitement de texte, des catalogues papier comprenant, après une introduction des fonds, le descriptif du contenu de chaque carton et d’un index thématique. La dernière étape du travail consiste à additionner les index de mots-clé de chaque fonds, afin d’obtenir un index thématique général ou figureront, pour chaque terme la désignation du fonds, du carton et du dossier où le lecteur pourra le retrouver.