Calames

Ligue communiste révolutionnaire (France)

Date : 1966-2009
Langue : La très grande majorité des documents sont enfrançais , sauf quelques très rares exceptions en anglais ou allemand
Description physique : 108 cartons.

Organisme responsable
La contemporaine
Université Paris Nanterre
184 cours Nicole Dreyfus
92000 Nanterre
Téléphone : 01 40 97 79 00
Mail : collections@lacontemporaine.fr
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Producteur du fonds ou collectionneur : LCR (Section Française de la Quatrième Internationale)
Biographie ou Histoire :
Il ne s’agit pas ici de retracer l’histoire de la Ligue — nous renvoyons ici, notamment, à l’ouvrage de Jean-Paul Salles, La Ligue communiste révolutionnaire (1968-1981). Instrument du Grand Soir ou lieu d’apprentissage ? (Presses Universitaires de Rennes, 2005) — mais, plus simplement, de donner quelques éléments d’information sur les rapports que l’organisation a entretenus avec sa mémoire : un certain nombre de caractéristiques propres à la Ligue communiste puis à la LCR expliquent en effet la richesse documentaire de ses archives, mais aussi leurs lacunes.
Du fait de son affiliation à la Quatrième Internationale — et, au-delà, en raison de son inscription dans la continuité du « bolchevisme » —, la Ligue a toujours affirmé une filiation avec une tradition ancienne sur le plan « théorique » (orientations politiques ou méthodes d’analyse et de débat, par exemple). Sa création en 1969 était pourtant aussi le signe d’une certaine rupture, à la fois générationnelle, organisationnelle (on ne dispose pas de statistiques fines, mais on peut estimer, que la fusion PCI/JCR, qui lui donne naissance en 1969, se fait dans un rapport proche de 1 à 10, si l’on tient compte des « doubles appartenances ») et en terme de « poids politique ». Alors que le Parti communiste internationaliste était une organisation confidentielle, la Jeunesse communiste révolutionnaire, forte de sa place dans le « mouvement de Mai », offrait en effet à la nouvelle organisation le bénéfice de sa relative notoriété, notamment médiatique. Les effets de cette situation ambigüe se feront ensuite sentir, de manière concrète, dans le fonctionnement de la LCR, caractérisé par une oscillation permanente entre l’application stricte de « principes organisationnels » (sélection des militants, caractère obligatoire de la « formation » — , en théorie, un « stagiaire » ne peut être titularisé que s’il a suivi une « école élémentaire » —, définition des militants comme « révolutionnaires professionnels », centralisme démocratique, utilisation de pseudonymes, organisation de « fractions » d’intervention dans les mouvements de masse , etc.) et la constatation de l’inadéquation de ces principes aux conditions concrètes du militantisme des années 1970 et 1980. Cette contradiction explique sans doute en partie les discontinuités qui ont affecté les conditions de production, de circulation et de conservation du matériel écrit (sous toutes ses formes) et audiovisuel produit par l’organisation pendant ses années d’existence — et que l’on peut constater a posteriori au vu des archives finalement conservées.
Jusqu’au milieu des années 1970, l’orientation et l’intervention de la LC/LCR sont parfaitement résumées par le pronostic politique qui tient lieu de titre à l’ouvrage de Daniel Bensaïd et Henri Weber paru en 1968 (Mai 68 : une répétition générale) et par la formule (de Daniel Bensaïd) « l’histoire nous mord la nuque ». Les promoteurs de la Ligue communiste estiment alors que le temps de la construction « patiente » d’une organisation au fonctionnement stabilisé est désormais révolu : des affrontements sociaux et politiques majeurs sont à l’ordre du jour, et il ne faut pas (plus ?) tergiverser. Cette période se caractérise ainsi par un important « activisme », qui concerne autant les activités « internes » — les réunions se multiplient, par exemple — que les actions externes, de plus en plus diverses et nombreuses : manifestations, distributions de tracts, collages d’affiches, animations de structures « unitaires » ponctuelles (Secours Rouge, Front Solidarité Indochine, Comité de soutien à la lutte révolutionnaire du peuple Chilien, Comités Lip, etc.) ou permanentes (syndicats, groupes femmes, etc.). La mise en place de structures permettant la conservation d’une « mémoire » de l’organisation ne relève évidemment pas des préoccupations principales, et n’intéresse que quelques rares militants, « vieux » du PCI pour la plupart (ces constatations générales, relatives à la politique « centrale » de la Ligue, seraient sûrement à nuancer si l’on s’intéresse aux pratiques des militants eux-mêmes : divers dépôts ultérieurs d’archives personnelles paraissent en effet attester d’une meilleure compréhension « à la base » de ces enjeux mémoriels — dépôts de Gilles Da-Ré aux Archives départementale de La Haute-Garonne, de Jean-Paul Salles aux Archives départementale de la Charente-Maritime ou par Dominique Gérardin aux Archives départementales du Nord, par exemple —, et les dons qui ont permis de compléter le présent fonds vont aussi à l’appui de cette affirmation). Au niveau « central », la seule « urgence » identifiée est sans doute celle d’une sauvegarde des « archives » des activités du PCI, conservées dans les locaux de la LCR, à préserver des risques liés à une activité vibrionnante et parfois désordonnée… (cf. l’article de Michel Dreyfus « Sur l’histoire du trotskysme au début des années 1970, à partir des fonds recueillis à la BDIC » paru dans le numéro 79, décembre 2002, des Cahiers Léon Trotsky).
A supposer qu’elle ait vraiment été tentée, l’organisation d’un classement et d’une conservation des archives était d’autant plus difficile à installer de manière pérenne que la LCR a toujours connu un important « turn-over », touchant l’ensemble de ses effectifs comme ses « permanents » (affectés à des fonctions politiques ou à des tâches techniques, salariés des sociétés liées à la LCR ou permanents des sections des villes de province les plus importantes). On ne dispose pas d’études comparatives avec d’autres organisations d’extrême gauche, mais dans les années 1970 et 1980 les activités de chacune d’entre elles semblaient reposer pour une large part sur la mobilisation de militants jeunes (« Michael », par exemple, accède au statut de permanent technique alors qu’il n’a pas encore 19 ans…), souvent obligés d’adapter leurs engagements aux « évènements de vie » (naissances d’enfants, entrée dans la vie professionnelle, déménagements, etc.). Toutes devaient aussi s’organiser pour prendre en compte les effets des éventuels désaccords politiques. Et la LCR se distinguait encore de ses « concurrentes » par son intérêt marqué pour les nouveaux terrains de radicalisation (luttes contre l’oppression des femmes ou organisations de mouvements des soldats, par exemple) et les nouvelles formes de luttes (luttes ouvrières « autogestionnaires » dans la foulée de Lip, par exemple) — une politique qui pour les militants impliquait souvent un gros investissement personnel, et entrainait presque mécaniquement une certaine mise à distance, au moins provisoire, de l’activité au sein de la LCR proprement dite.
Si le phénomène de renouvellement rapide du personnel militant n’était pas propre à la Ligue, il était donc sans doute particulièrement marqué en son sein. Et chaque départ ou remplacement générait une rupture, et avait pour effet une perte de continuité. Une circulaire signée « Malika », datée de 1985 témoigne des effets concrets de cette situation. Unique trace, dans tout le fonds, d’une ébauche de réflexion de la LCR concernant ses archives, cette pièce conservée sous la cote F delta 2177/3/3(10) est d’abord intéressante pour sa définition, fort restrictive, des documents devant être considérés comme « archives » : seules les productions imprimées à destination publique (journaux, revues, brochures, etc.) ou interne (Bulletins intérieurs) y sont évoquées, aucune allusion n’étant faite au sort à réserver aux documents multigraphiés, aux manuscrits ou aux correspondances... Par ailleurs, la circulaire donne aussi une information quelque peu surprenante : à la lire on comprend que les collections de publications imprimées plus haut évoquées n’étaient même pas, elles-mêmes, conservées correctement au sein de l’organisation — l’objet du texte étant précisément d’inciter au comblement des lacunes constatées… Dans la pratique, exception faite de la « photothèque » de Rouge, il ne sera ainsi jamais constitué, au sein de la LCR, de service ayant pour tache la prise en charge des archives. Au fil des ans, seuls quelques « fonds documentaires » seront peu à peu constitués dans les salles affectées aux diverses instances (Secrétariat Femmes, Commission nationale ouvrière, etc.), « alimentés » et gérés selon le bon (ou le mauvais ?) vouloir des participant(e)s.
Outre ce contexte général lié à la nature et au fonctionnement de la LCR, d’autres facteurs expliquent peut-être aussi certaines des lacunes constatées dans le fonds tel que finalement versé à la BDIC. Pour d’évidentes raisons de sécurité, les traces de certaines interventions « sensibles » (actions au sein de l’armée, activités internationales, mobilisations antifascistes, etc.) ne pouvaient être conservées dans les locaux du parti, ceux-ci n’étant pas l’abri d’éventuelles perquisitions, comme par exemple en juin 1973. Bien cachées à leur époque, certaines de ces archives restent peut-être encore à découvrir... Plus généralement, le peu de documentation sauvegardée sur les activités de certains grands secteurs d’intervention (l’intervention enseignante est l’exemple type) laisse aussi penser que quelques archives ont peut-être été conservées — pour des raisons supposées pratiques, mais sur lesquelles on peut s’interroger — dans des domiciles privés, où elles se trouvent peut-être encore.
Au bout du compte, quelques lacunes paraissent cependant spectaculaires. Seule une petite partie des innombrables tracts produits et diffusés, en région parisienne notamment, a été conservée (de nombreux fonds complémentaires, archives personnelles de militants le plus souvent, consultables à la BDIC ou dans d’autres établissements, permettent heureusement de combler ces manques). Autre exemple : un travail sur les publications multigraphiées ayant pour objectifs de préparer les réunions des différentes structures de la Ligue a permis de constater que, pour la période 1980-1986, les lacunes dans les collections sont respectivement de 55% et de 50%... (travail mené sur les collections du « Courrier du Comité Central », des « Cahiers des secrétaires de cellules » et des « Cahiers des DV/DS » —Directions de Villes/Directions de Sections —, et pour autant qu’une étude quantitative soit possible, la numérotation de la première collection étant parfois approximative et la parution hebdomadaire, normalement de règle pour les deux autres, n’ayant pas toujours été respectée).
Impliquée et active dans les champs de l’édition, de la culture ou de l’économie, la LCR n’a jamais effectué que de timides incursions dans le domaine de la recherche historique. Si, par exemple, en 1978 elle délègue deux militants, Jean-François Godchau et l’auteur du présent inventaire, pour participer au « projet historique » de Pierre Broué qui donnera lieu à la création de l’Institut Léon Trotsky (il s’agissait, d’une part, de réaliser une édition des œuvres complètes de Trotsky — 27 volumes parus — et, d’autre part, d’assurer la publication des Cahiers Léon Trotsky — 80 numéros publiés, consacrés à l’histoire du trotskysme), ceux-ci n’agiront jamais que de façon individuelle, et la prise en charge rédactionnelle de la revue ne sera pour l’essentiel effectuée que par des « anciens » (Pierre Frank, Michel Lequenne, etc.) ou des militants issus d’autres sections de la Quatrième Internationale. Et plus tard, tandis que les travaux universitaires consacrés à l’histoire de la LCR commenceront à se faire de plus en plus nombreux (fondés le plus souvent, et pour cause, sur le recueil de témoignages oraux), il faudra attendre 2006 pour assister à la création, dans le giron de l’organisation, de l’Association pour la sauvegarde de la mémoire de la section française de la Quatrième Internationale, devenue aujourd’hui « RaDAR. Rassembler, Diffuser les Archives de Révolutionnaires ». Sans doute ne serait-il donc pas inutile de s’interroger sur les raisons pour lesquelles une organisation dont la définition originelle, enrichie ultérieurement, résidait d’abord dans une analyse historique (celle de la dégénérescence de l’URSS et de la stalinisation des partis communistes) a pu manifester si peu d’intérêt pour sa propre histoire, au point d’involontairement laisser disparaitre quelques-unes de ses traces.
Conditions d'accès :
Librement consultable.
Tutoriel pour commander des documents pour consultation : archives et collections muséales.
Conditions d'utilisation : La reproduction, la publication ou la citation des documents sont soumises à l’accord préalable du donateur ou des ayants droit par l’intermédiaire de La contemporaine.
Citer sous la forme : Fonds Ligue communiste révolutionnaire. F delta 2177. Arch 0167. La contemporaine.
Producteur du fonds ou collectionneur : Ligue communiste révolutionnaire (France)
Sujet : Ligue communiste révolutionnaire (France)
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Extrême gauche - France
Partis politiques -- France - 20e siècle

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