Date :
Milieu du XIIIe siècle (entre 1241 et 1260)
Langue :
Latin
Description physique :
Parchemin avec de nombreux défauts (lisières, trous, réparations et reprises, déchirures, taches vitreuses) ; au f. 143va, après avoir remarqué qu’un défaut dans le traitement du parchemin produit une diffusion de l’encre sur la surface, le copiste a noté : « Nichil deficit in spatio isto, propter [de expunctum] prauitatem pargameni non scripsi » ; dans la marge inférieure du f. 116, du parchemin a été collé pour combler une lacune.
217 feuillets (numérotation en chiffres arabes au crayon), précédés et suivis d’une garde en parchemin.
Dimensions : 420 × 310 mm.
Réglure à la mine de plomb, selon deux schémas principaux : Muzerelle 1A-1C-11A/0/2A-2G-3G/J (fol. 23r), et 1-1-11/0/0/J (fol. 56v), dont l’exécution présente, toutefois, des variations dans le traçage et l’extension, aussi bien des traits verticaux qu'horizontaux ; dans la marge inférieure en fin de quelques cahiers, une double ligne horizontale délimite, parfois, les réclames : f. 12v, 24v, 103v, 123v, 141v et 151v (modification du schéma : 1A-1C-11A/0-2/2A-2G-3G/J) ; une double ligne horizontale supplémentaire se trouve aux f. 167v e 173v (schéma : 1A-1C-11A/0-22/2A-2G-3G/J) ; 75 lignes sur deux colonnes.
Codicologie :
23 cahiers s’ouvrant sur le côté chair et respectant la règle de Gregory : i12 (f. 1-12), ii12 (f. 13-24), iii8 (f. 25-32), iv8 (f. 33-40), v8 (f. 41-48), vi12-1 (f. 49-59, un sénion privé d’un feuillet), vii8 (f. 60-67), viii12 (f. 68-79), ix12 (f. 80-91), x12 (f. 92-103), xi12 (f. 104-115), xii8 (f. 116-123), xiii8 (f. 124-131), xiv10 (f. 132-141), xv10 (f. 142-151), xvi6 (f. 152-157), xvii10 (f. 158-167), xviii6 (f. 168-173), xix12 (f. 174-185), xx10 (f. 186-195), xxi8 (f. 196-203), xxii8 (f. 204-211), xxiii8-2 (f. 212-217, un sénion privé des deux derniers feuillets, avec lacune textuelle) ; réclames horizontales aux f. 12v, 24v, 40v, 48v, 79v, 91v, 103v, 123v, 141v, 151v, 167v, 173v, 203v ; feuillets blancs en fin des cahiers iii, vi, vii, xiii, xix, xx (respectivement, f. 32v, 59v, 67v, 130v-131v, 185r-v, 195v), ou partiellement blancs en fin des cahiers xvi, xix, xx (f. 157v, 184v, 195r) ; quelques cahiers présentent une signature à registre : en lettres (a-f) traçées à la mine de plomb (cahiers i-ii, iv-vi, viii-xi, xv), ou bien par traits ou petits cercles traçés à la plume (cahiers vii, xxi-xxiii) ; plusieurs mentions attestent que le manuscrit a été copié par pecia : « prima pecia » (f. 197r), « sexta pecia » (f. 204r), « incipit XLV » (f. 108r), « incipit XLVI » (f. 109r), « incipit XLVII » (f. 110r), « deficit una pecia explanationis » (f. 32r) ; d’autres indications : « Apocalipseos primus – primus quaternus » (f. 196r, marg. sup.), « I.us quaternus Apocalipseos » (f. 203v, marg. inf.), « II.us quaternus Apocalipseos » (f. 204r, marg. sup.) ; le dernier cahier a été privé des deux derniers feuillets qui transmettaient la dernière partie de la version brève de la Postilla super Apocalypsim d’Hugues de Saint-Cher.
Ecriture :
Littera textualis (« littera Parisiensis ») ; au moins quattre copistes : A (f. 1ra-32rb, 60ra-115vb, 186ra-195ra), B (f. 33ra-59rb), C (f. 116ra-184va), D (f. 196ra-217vb).
Décoration :
Initiales décorées à la plume et filigranées, avec antennes rouges ou bleues (f. 1ra, 26va, 33ra, 43vb, 52va, 57vb, 60ra, 68ra, 78rb, 88va, 94vb, 98va, 101ra-b, 103va, 105ra, 106ra, 106vb, 109ra, 110ra, 110vb, 111ra, 116ra, 119vb, 122va, 124vb, 128vb, 129ra-b, 132ra, 152vb, 158ra, 174rb, 186ra) ; initiales de couleur (rouge ou bleu) de module double par rapport au texte ; pieds-de-mouche, nombres de paragraphes, et titres courants exécutés à l’encre rouge ou bleue ; lettrines à la mine de plomb pour le rubricateur (titres courants) ou à la plume (autres rubriques) ; dans les marges, esquisses de figures grotesques à la mine de plomb (f. 7r, 94r, 100r) ou à la plume (f. 86r, 99v).
Reliure :
Reliure sur ais de bois chamfreinés, peut-être ceux d'origine, couverts au XXe s. de veau fauve ; sur les plats, présence de trous correspondant vraisemblablement à des trous observés dans les ais (pour fixer les cornières et l’ombilic) et marques correspondant vraisemblablement aux emplacements d'anciens fermoirs disparus ; dos à sept doubles nerfs.; contre-gardes et gardes en parchemin.
Description :
Des corrections et des intégrations, identifiées par des signes de renvoi, ont été ajoutées par les copistes du texte dans les marges ; la postille sur les deux livres des Maccabées est enrichie par des annotations marginales indiquant le sens de l’interprétation à donner à un passage biblique : « litteralis », « moralis », « misticus » ; ou bien par des renseignements sur la source : « glossa » ; des annotations de ce genre, comme celle de « allegoricus », se trouvent plus rarement dans les autres parties du manuscrit (cf. f. 1v, 69r, 174v, 177r, 184v, etc.) ; aucune autre trace de lecture n’est à signaler.
D’origine vraisemblablement parisienne, le manuscrit a été copié lors de la première diffusion de la méthode de production par pecia, qui débuta à Paris vers 1225-1235 ; d’après Patricia Stirnemann, le ms. peut être daté de 1240-1250 ; si cette hypothèse était confirmée, il s’agirait d’un des plus anciens manuscrits portant des mentions explicites de pecia (dans la tradition des œuvres d’Hugues de Saint-Cher).
Le manuscrit transmet un ensemble d’ouvrages (postilles) sur des livres des prophètes de l’Ancien Testament et sur le Nouveau Testament : cet ensemble d’œuvres constituait la deuxième partie d’un corpus exégétique plus ample, comprenant tous les livres bibliques et circulant en France au XIIIe s.
Toutes les œuvres transmises dans le manuscrit sont anonymes, sauf la Postille sur les douze prophètes, attribuée à « frater Petrus de praedicatoribus », dont l'identification a fait l'objet de différentes hypothèses : Petrus de Scala (1200/1201-1295), Petrus Remensis (m. 1247), plus certainement, Hugues de Saint-Cher à qui plusieurs autres témoins attribuent le texte.
La plupart des oeuvres du corpus attribué à Hugues de Saint-Cher ont été transmises selon une double version, dont la différence la plus marquante est leur extension : les versions les plus brèves correspondraient aux reportationes des cours donnés par Hugues, alors que les versions les plus longues seraient le résultat d’un travail plus accompli et révisé par le maître ; parmi les postilles transmises dans le manuscrit de la BIS, celles sur Ézéchiel, les Épîtres catholiques, les Évangiles, et l’Apocalypse sont transmises dans la version brève, alors que la postille sur les douze prophètes l'est dans sa version longue, privée de quelques paragraphes d’introduction ; les autres postilles (sur Daniel, les Maccabées, les Actes des apôtres) sont transmises dans l’unique version connue à ce jour ; le commentaire d’Eudes de Châteauroux est également transmis dans la seule version connue à ce jour ; les textes transmis par le manuscrit sont généralement complets, sauf celui de la postille sur Daniel (privé de la dernière pecia au moment de la copie) et celui de la postille sur l’Apocalypse (incomplet à la fin pour des raisons physiques, la perte d’un ou de plusieurs cahiers) ; tout au long du ms., le texte biblique n’est jamais copié.
Provenance :
Le manuscrit a été copié vraisemblablement à Paris ; il a appartenu à Robert de la Porte, évêque d’Avranches (entre 1359 et 1379, date de sa mort) puis au Collège de Maître Gervais et au Collège Louis-le-Grand, dont l’estampille se trouve au fol. 1r (cf. aussi Chatelain, notice, p. 7-8 ; Quétif-Echard, p. 117a) ; l’étiquette en papier portant la mention de possession « de dono domini Roberti Porte episcopi Abrinc. », et anciennement fixée au plat dans une porte-étiquette en cuivre, n’est pas conservée (cf. Chatelain, Notice, p. 8, note 1) ; anciennes cotes (fol. 1r, marg. inf.) : "189.6.2" et "N° 41" (f. 1r, marge inf.), "Ms. t. I, 10" (d'après CGM).
L’étiquette en papier portant la mention de possession « de dono domini Roberti Porte episcopi Abrinc. », et anciennement fixée au plat dans une porte-étiquette en cuivre, n’est pas conservée (cf. Chatelain, Notice, p. 8, note 1).
Anciennes cotes : (fol. 1r, marg. inf.) : au f. 1r, marge inf., "189.6.2", (Collège Louis-le-Grand) et "N° 41" (catalogue Lebrun, vers 1826) marge inf.) ; d'après CGM, "Ms. t. I, 10" (classification Le Bas).
Autre support :
Microfilm : FB 855
Bibliographie :
Jacques Quétif et Jacques Echard, Scriptores Ordinis Praedicatorum recensiti, notisque historicis et criticis illustrati [...], Lutetiae Parisiorum : apud J.-B.-Christophorum Ballard et Nicolaum Simart, 1719-1721, I, p. 117a.
Heinrich Denifle, Quellenbelege. Die abendländischen Schriftausleger bis Luther über Justitia Dei (Rom. 1, 17) und Justificatio. Beitrag zur Geschichte der Exegese, der Literatur und des Dogmas im Mittelalter, Mainz, 1905 (Ergänzungen zu Denifle’s Luther und Luthertum, 1), p. 117.
Charles Beaulieux, Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France. Université de Paris et Universités des départements, Paris : Plon-Nourrit et Cie, 1918, p. 4.
Friedrich Stegmüller, Repertorium Biblicum medii aevi, Madrid, 1950-1980, n° 3697, 3700-3714, 3716, 3718, 3720, 3722, 3724, 3725, 3755-3768, 3770, 6095-6108, 6820.
Werner Affeldt, « Verzeichnis der Römerbriefkommentare der lateinischen Kirche bis zu Nikolaus von Lyra », Traditio. Studies in Ancient and Medieval History, Thought and Religion, 13 (1957), p. 369-406 (cité à la p. 390).
Histoire de l’Université de Paris [exposition, Paris, Chapelle de la Sorbonne, 1973], Paris : Chancellerie des universités de Paris, 1973.
Athanasius Sulavik, « Principia and Introitus in Thirteenth Century Christian Biblical Exegesis with Related Texts », dans : La Bibbia del XIII secolo. Storia del testo, storia dell'esegesi. Convegno della Società Internazionale per lo Studio del Medioevo Latino (SISMEL). Firenze, 1-2 giugno 2001, Firenze, 2004 (Millennio Medievale, 49. Atti di Convegni, 14), p. 269-321 (cité à la p. 286).
Patricia Stirnemann, « Les manuscrits de la Postille », dans : Hugues de Saint-Cher (†1263), bibliste et théologien, cur. Louis-Jacques Bataillon – Gilbert Dahan – Pierre-Marie Gy, Turnhout, 2004 (Bibliothèque d’histoire culturelle du Moyen Âge, 1), p. 31-42 (aux p. 34-36, 38, 40, 42).
Bruno Carra de Vaux, « La constitution du corpus exégétique », dans : Hugues de Saint-Cher (†1263), bibliste et théologien, cur. Louis-Jacques Bataillon – Gilbert Dahan – Pierre-Marie Gy, Turnhout, 2004 (Bibliothèque d’histoire culturelle du Moyen Âge, 1), p. 43-63 (aux p. 46, 48).
Karine Rebmeister-Klein, Les livres des petits collèges à Paris aux XIV e et XVe siècles, thèse de doctorat, 3 vol., Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2005, cité vol. III, p. 1088.
Bruno Carra de Vaux, « Les Postilles de Hugues de Saint-Cher sur les livres historiques et prophétiques de l’Ancien Testament. Mise en parallèle des versions A et B », Recherches augustiniennes et patristiques, 38 (2018), p. 227-278.
Coralba Colomba, « Hugo de Sancto Caro », dans : C.A.L.M.A. Compendium Auctorum Latinorum Medii Aevi (500-1500), VI.4, Hugo Pictavinus - Iacobus Angeli de Rubeo Scuto, cur. Michael Lapidge – Silvia Nocentini - Francesco Santi, Firenze, 2019, p. 386-393 (à la p. 389).
Roberto Gamberini, Notice décrivant le manuscrit MS 16 conservé à la Bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne, rédigée dans le cadre du programme de recherche LEGETIMAM, décembre 2021.
Le manuscrit n’est pas recensé par : Thomas Kaeppeli, Scriptores Ordinis Praedicatorum Medii Aevi, Roma, 1970-1993, vol. II, p. 269-281 ; vol. III, p. 256-257 ; vol. IV, p. 124-126 ; Anja Inkeri Lehtinen, « The Apopeciae of the Manuscripts of Hugh of St. Cher’s Works », Medioevo. Rivista di storia della filosofia medievale, 25 (1999-2000), p. 1-167 ; Giovanna Murano, Opere diffuse per exemplar e pecia, Turnhout, 2005.
Information sur le traitement :
Notice de signalement héritée du CGM, remaniée et complétée à partir de la notice rédigée par Roberto Gamberini (décembre 2021) dans le cadre du programme LEGETIMAM.
Numérisation intégrale du manuscrit, réalisée par l'atelier interne de la BIS en 2021, financée par Sorbonne Université dans le cadre du programme LEGETIMAM.
Rappels sur les conditions d'accès et d'utilisation des documents : L'accès aux collections patrimoniales est soumise à une autorisation préalable, conditionnée par la justification d'une recherche.
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